C’est le cas de celle mise en place par Irina Bezuglaia, une vétérinaire de 32 ans. La jeune femme a quitté sa ville de Kharkiv dans l’est du pays, pour se réfugier à Dnipro dans le sud. Ses connaissances sur les chiens lui permettent de venir en aide aux enfants.
Des animaux qui changent de comportement
Au début de la guerre, Irina Bezuglaia essaye de rester chez elle, dans son immeuble à Kharkiv. Mais les bombardements la feront rapidement changer d’avis. Elle emmène ses trois chiens avec elle et décide de s’installer à Poltava, une ville située 150 km plus à l’ouest. Elle prend rapidement conscience que les animaux changent, eux aussi, de comportement. À force de rester enfermés avec leur maître dans des caves ou des abris, ils deviennent plus agressifs, ou à l’inverse, beaucoup plus renfermés.
Une cohabitation avec des enfants
Dans un centre de réfugiés, la vétérinaire se retrouve avec d’autres personnes qui, comme elle, ont fui la guerre. Elle remarque que les enfants restent seuls et paniquent à chaque son de sirène. La jeune trentenaire décide de rejoindre un autre camp de réfugiés à Krementchouk. Et le constat est le même : les enfants sont livrés à eux-mêmes et, face à cette situation, les parents sont impuissants. Irina souhaite agir et propose aux parents d’aider les enfants en mettant à profit son expérience avec les animaux traumatisés.
Un travail de reconstruction
Comme elle le fait avec les chiens, la vétérinaire veut aider les enfants à sortir de ce sentiment de solitude. Elle va donc les inciter à fabriquer des objets en papier. Voyant que cela fonctionne plutôt bien, elle leur propose ensuite de dessiner. Irina demande aux enfants de représenter un lieu où ils se sentent en sécurité. Certains dessinent un bunker, d’autres leur ancienne maison, d’autres encore une cave.
Les chiens comme thérapie
Face à un petit garçon qui reste muet, Irina décide d’envoyer l’un de ses chiens, un labrador nommé Lata. Une heure après, l’enfant s’est mis à jouer avec l’animal et recommençait à parler. Le chien avait réussi à créer une connexion avec l’enfant. Ce qui n’était pas le cas des adultes. Les résultats sont donc très concluants et montrent que le langage corporel fonctionne parfois mieux.
Continuer à aider les propriétaires
La jeune femme, est une spécialiste des animaux et en particulier des chiens. Educatrice, elle a déjà écrit six livres sur eux. Dans son centre Sunny Dog, elle donnait des conseils aux futurs propriétaires pour les aiguiller dans le choix de leur prochain animal de compagnie. Elle était également là pour guider les maîtres dans le dressage de leur nouveau compagnon à quatre pattes.
Mais avec la crise sanitaire, Irina avait dû revoir sa façon de travailler. En effet, elle et son associée Yulia, ont continué leur activité de vétérinaire grâce à Zoom, un outil pour communiquer à distance. Depuis le début de la guerre, elle continue d’utiliser Zoom pour aider les propriétaires qui se retrouvent avec des animaux qui deviennent fous et envahis par le stress des bombes.
Dans le centre de réfugiés, Irina essaye de s’occuper des chiens pour les habituer au bruit des bombardements ou des sirènes. À force de répéter des exercices, le chien finit par comprendre que ces bruits sont normaux et qu’il n’y a pas de danger. La jeune femme explique aussi aux propriétaires qu’il faut, dès à présent, penser à l’après. Elle leur demande donc de ne plus les gronder et surtout, de ne plus utiliser de laisse qui étrangle le cou de leur animal.