Un regard…scientifique sur la question
Aaaah…ce regard que votre chien vous lance quand vous mangez quelque chose devant lui et qui lui fait envie ! Tous les propriétaires de chien le connaissent bien. Vous savez, ce « regard de chien battu » avec lequel vous fixe votre chien, des grands yeux, à la fois un peu tristes et remplis d'espoir et de tendresse. Eh bien, une équipe de scientifiques s’y est intéressé de très près et a publié ses conclusions le 17 juin 2019 dans les Comptes rendus de l’Académie américaine des sciences (Pnas).
Des muscles sourcilliers qui n’existent que chez le chien
Pour mener leur étude, les chercheurs se sont intéressés à un groupe de muscle en particulier, les muscles sourcilliers. A son sujet, ils ont découvert que ces muscles n’existaient que chez le chien domestique mais pas chez son plus proche cousin, le loup gris. Avant de parvenir à cette découverte, les chercheurs ont étudié des chiens domestiques et des loups sauvages, deux espèces de canidés qui ont divergé il y a environ 33 000 ans. Chez les chiens, deux muscles bien formés autour des yeux ont été mis en évidence alors que chez le loup on n’a retrouvé qu’un tendon en lieu et place de ce muscle.
L’autre volet de l’étude a en effet consisté à filmer de courtes rencontres entre un animal et un humain qui leur était inconnu. Résultat : seuls les chiens sont parvenus à faire bouger leurs sourcils lorsqu’ils regardaient les humains.
Le regard attendrissant du chien serait donc le résultat de la contraction de ces muscles sourcilliers. Sa fonction serait de les aider « à agrandir leurs yeux ». Mais le font-ils dans le seul but de nous attendrir ?
Un regard expressif, un avantage sélectif
Cela déclenche une réaction de protection chez les gens, a déclaré Anne Burrows, professeure à l'université Duquesne de Pittsburgh et coauteure de l'étude à l'AFP.
Et, en effet, ce mouvement des sourcils a pour effet d’agrandir leurs yeux et de leur conférer une expression faciale proche de celle du chiot ou de l’enfant, ce qui a naturellement pour effet d’attendrir les êtres humains. Cette étude fait ainsi écho à une toute autre étude scientifique, menée par des chercheurs japonais en 2015. Elle avait démontré que l’échange de regards entre des chiens et leurs maîtres provoquait un pic mutuel d'ocytocine, l’hormone de l’attachement et de l’amour maternel.
Cette étude met aussi en évidence la façon dont le chien a développé, au cours de son évolution, de nouveaux moyens de communication, spécifiques aux interactions qu'il entretient avec l’être humain depuis des millénaires.
Pour aller plus loin, une autre étude de 2013 laisse même à penser que les chiens auraient pu même être sélectionnés, naturellement ou inconsciemment par l’Homme, grâce à ce type de caractéristique. A l’époque où les chiens vivaient libres au sein des villages, il y a fort à parier que les chiens les plus expressifs recevaient davantage de nourriture que les autres. De même, notre préférence inconsciente pour les chiens qui avaient cette expression a très probablement influencé notre sélection. Preuve en est aujourd’hui avec les chiens de refuge. On sait que les chiens au regard plus expressifs que d'autres ont davantage de chance d’être adoptés que leurs compagnons d’infortune au regard moins attendrissant.
