Un chien qui a tout du loup-gris
De nos jours, les chiens ont tous des faciès différents selon leur race d’appartenance. Eh oui, la tête d’un chihuahua ne ressemble pas vraiment à celle d’un Boxer, laquelle n’a pas grand-chose en commun avec celle d’un Saint-Bernard…Et pourtant, tous ces chiens « modernes » - aussi différents soient-ils- auraient un ancêtre commun auquel une équipe des chercheurs de l'école vétérinaire de l’Université d’Édimbourg en Écosse s’est intéressée…
Leurs travaux, dont les résultats en été dévoilés en avril 2019, se sont appuyés sur des crânes appartenant à 24 chiens découverts au tout début du XXème siècle sur la colline de Cuween en Écosse. C’est à partir de l’un d’entre eux, dont l’âge a été estimé à près de 4000 ans, qu’une reconstruction en 3D a été rendue possible. Les scientifiques ont scanné le crâne canin afin d’en réaliser une empreinte 3D, qui a servi de base à l'artiste médico-légale Amy Thornton pour créer un modèle réaliste de la tête du chien, en façonnant ses muscles et sa peau à partir d’argile avant de la mouler le tout en silicone et de le recouvrir poils.
Cette reconstitution nous montre donc que le chien du Néolithique tardif ressemblait donc à s’y méprendre à un loup gris européen. Quant à sa taille, elle rapprocherait le chien d'il y a 4000 ans d’un grand Colley.
© Historic Environment Scotland
Le chien, un animal de compagnie précieux pour l’Homme du Néolithique
«Regarder ce chien nous aide à mieux comprendre les gens qui ont pris soin et vénéré ces animaux…», déclare le Docteur Steve Farrar, responsable de l'interprétation chez Historic Environment Scotland, l’organisme public qui a commandé la reconstitution.
En effet, les ossements canins qui ont permis de réaliser cette première scientifique avaient été découverts à côté d’un cairn, un amas de pierres déposées par l’Homme pour signaler la présence d’un site funéraire. Leur datation a d’ailleurs démontré que les chiens avaient été placés là plus de 500 ans après la construction de la tombe, suggérant le fait qu'ils ont été enterrés de façon rituelle à cet endroit.
Cette découverte permet au Dr Farrar de suggérer que :
« Les chiens avaient une signification particulière pour les fermiers qui vivaient autour et utilisaient la tombe il y a environ 4 500 ans. Peut-être que les chiens étaient leur symbole ou leur totem, peut-être se considéraient-ils comme le " peuple des chiens ". »
Ce qui semble incontestable c’est qu’il y a plus de 4000 ans, les chiens étaient déjà des animaux de compagnie précieux, occupant une place de choix aux côtés des Hommes du Néolithique tardif. Leur rôle était très certainement celui de gardiens des troupeaux de moutons.