Les phéromones : c’est quoi ?
Autrefois appelées « pherhormones », les phéromones sont des substances chimiques volatiles qui participent à la communication intraspécifique (entre les individus d’une même espèce). Les phéromones seraient ainsi présentes chez tous les êtres vivants, qu’ils appartiennent au règne animal, végétal et même bactérien. Bien évidemment, le chien ne fait pas exception à la règle !
Le saviez-vous ?
Le mot phéromone a une étymologie grecque. Il signifie « transporter une hormone » ou « hormone portée vers l’extérieur ».
C’est Peter Karlson et Martin Lüsher qui en donnent une définition complète pour la première fois en 1959 dans la revue Nature :
Une phéromone est un produit chimique ou un ensemble de produits chimiques émis à l'extérieur du corps d'un individu qui, lorsqu'il est reçu par un animal de la même espèce déclenche une réaction spécifique : soit un comportement (phéromones incitatrices), soit une modification biologique (phéromones modificatrices).
Cette définition met en lumière un fait important : les phéromones incitatrices peuvent faciliter l’apparition d’un comportement chez l’être vivant qui la reçoit, sans qu’un apprentissage préalable de ce comportement n’ait été nécessaire.
D’où viennent les phéromones et à quoi servent elles chez le chien ?
Chez le chien, les phéromones sont produites à différents endroits de son corps par :
- les glandes sébacées de sa peau, ces mêmes glandes qui fabriquent le sébum, ce film gras qui recouvre la surface de la peau du chien. On sait notamment que les glandes sébacées des oreilles du chien, du sillon intermammaire de la chienne ainsi que celles situées au niveau des coussinets plantaires du chien et de la base de la queue lui permettent d’émettre des phéromones,
- des sécrétions d’origine muqueuse (sécrétions vaginales, buccales, ou bien encore urinaires),
- ses glandes anales.
Les phéromones canines constituent une composante importante de la communication olfactive chez le chien.
Elles servent notamment à :
- la communication sociale entre chiens : à la reconnaissance des chiens entre eux ou au passage d’un congénère à un endroit donné,
- l’attirance d’un partenaire sexuel lors de la période des chaleurs de la chienne ou au déclenchement de l’excitation sexuelle,
- signaler un danger aux autres individus,
- apaiser le chiot lors de la tétée et à créer un attachement des petits à la mère.
Les phéromones peuvent être libérées par le chien de façon active lors des comportement de marquage (marquage urinaire, fécal, grattage du sol après les besoins, vidange involontaire des glandes anales lors d’un stress ressenti par le chien) ou de façon totalement passive (dépôts de phéromones par les coussinets lors de la marche, par exemple).
Les phéromones canines : comment ça marche ?
Les phéromones, laissées dans le milieu extérieur ou reniflées directement sur le corps du congénère, sont perçues par l’organe voméronasal (ou organe de Jacobson) du chien récepteur (ou organe de Jacobson), grâce à au comportement de flehmen.
Le chien retrousse alors les babines et aspire l’air contenant les substances chimiques volatiles avec la gueule entrouverte, comme s’il haletait, parfois même en claquant des dents.
Les molécules ainsi inhalées vont se fixer à des récepteurs spécifiques des phéromones dans l’organe voméro-nasal, situé au-dessus de palais du chien à l’intérieur des cavités des sinus. Le message remonte alors par le nerf voméro-nasal jusqu’au cerveau pour y être décrypté.
Selon qu’il s’agisse d’une phéromone modificatrice ou incitatrice, elle alors induire une modification physiologique chez le récepteur ou faciliter l’adoption d’un comportement donné. Attention cependant : ce n’est pas parce qu’un chien va capter une phéromone qui lui « dicte » d’adopter tel ou tel comportement qu’il va forcément s’exécuter. Le chien est un être vivant évolué qui dispose d’un certain degré de liberté et surtout de la faculté « d’auto-inhiber » certains de ses comportements en fonction du contexte.
La phéromonothérapie chez le chien
Les récentes découvertes sur les phéromones du chien ont permis de mettre au point un produit destiné à apaiser les chiens.
Il existe ainsi sur le marché un analogue synthétique de l’apaisine, une phéromone sécrétée dans le sillon intermammaire de la chienne et découverte dans les années 1990 par le vétérinaire comportementaliste Patrick Pageat. Cette phéromone, sécrétée de quelques jours après la naissance des chiots jusqu’à leur 3ème semaine de vie, auraient des effets apaisants sur les petits qui viennent téter mais aussi tranquillisants sur les chiens adultes.
Disponibles sous forme de diffuseur ou de collier, les apaisines sont sans effets secondaires, interactions, ni contradictions et sont tout indiquées :
- lors de l’arrivée d’un chiot dans son nouveau foyer,
- pour faciliter l’adaptation d’un chien anxieux à un nouvel environnement (déménagement, vacances…) ,
- dans toutes les situations qui génèrent du stress et de la peur chez le chien,
- dans l’aide au traitement des troubles liés à un hyperattachement du chien à son maître.
Il est évident qu’utilisées seules, ces apaisines ne suffiront pas à régler le trouble du chien mais elles facilitent la mise en œuvre d’une thérapie comportementale menée avec l’aide d’un vétérinaire comportementaliste ou d’un éducateur canin-comportementaliste.