Chien qui ne veut pas rester seul : les signes qui ne trompent pas
Un chien qui ne supporte pas de rester seul peut adopter des comportements indésirables liés au contexte de la séparation parmi :
- des destructions dispersées dans l’habitation liées à des comportements exploratoires oraux du chien (léchages, mâchonnements, grattages du sol ou des murs …) mais généralement ciblées sur les objets porteurs de l’odeur du maître (télécommande, canapé, lunette, chaussettes …) ou focalisées au niveau des fenêtres et/ou des portes, liées à des tentatives d'échappement (griffades des portes, …),
- des jappements, des hurlements, des aboiements aigus entre autres vocalises qui peuvent être à l’origine de problèmes de voisinage,
- des malpropretés (urines ou excréments) alors que le chien est habituellement propre,
- des signes de stress liés à des réponses du système nerveux autonome comme la vidange des glandes anales à l’origine de l’émission d’une sécrétion malodorante, une hypersalivation, des halètements, des problème de diarrhées…Ces signes peuvent apparaître en l’absence du ou des maîtres ou en anticipation de la séparation au moment du départ,
- l’adoption de comportements de substitution comme des auto-mordillements compulsifs ou des auto-léchages susceptibles d’entraîner des granulomes de léchage voire des automutilations ou comme des comportements répétitifs (allers retours répétés, tourne en rond , prise fréquente de boisson, …)
- une excitation intense au retour du ou des maîtres interprétée à tort comme de la « joie du chien » de les retrouver.
Ces nuisances peuvent se produire seulement à certaines occasions (seulement quand les maîtres sortent à une heure inhabituelle ou au-delà d’un nombre d’heures d’absence) ou systématiquement lors de chaque séparation qu’elle qu’en soit la durée ou le moment.
Pourquoi votre chien ne veut-il pas rester seul ?
Parce qu’il souffre d’anxiété de séparation
Les comportements et les nuisances citées précédemment sont bien souvent les manifestations de l’angoisse que votre chien ressent lorsque vous le laissez seul. Cette anxiété de séparation peut être liée à :
- la persistance de l’attachement primaire chez le chien
On parle d’attachement primaire pour désigner le fait que le chiot s'attache à sa mère presque dès sa naissance. Elle incarne pour lui une figure apaisante, qui lui permet d'explorer son environnement sans crainte. Mais, à l’apparition des dents de lait, la tétée devient douloureuse pour la mère et cette dernière commence alors naturellement à repousser ses chiots et à s’en éloigner à partir de leur 3 semaines. Cette distanciation se poursuit progressivement par l'enseignement des postures de soumission et du contrôle de soi pour se terminer complètement aux alentours des 4 mois du jeune animal. Mais, comme un chiot est rarement laissé pendant tout ce temps auprès de sa mère, le jeune animal va s’attacher à un membre de sa famille d’adoption par transfert. On parle alors de second attachement primaire. Après l’avoir brièvement renforcé dans les quelques jours qui suivent l’adoption, c'est alors au nouveau maître du petit animal de poursuivre le détachement initié par la mère chien. A défaut, le jeune chien risquera de s’attacher à une seule personne dans le foyer et de paniquer comme un chiot lorsqu’il en sera séparé. Ce trouble est plus fréquents chez les chiens que leur maître assimilent à « leur enfant ». Le plus souvent, il touche les chiens petite race qui sont emmenés partout par leur propriétaire, portés très souvent dans leurs bras et qui dorment dans leur lit.
- un hyperattachement secondaire
L’attachement secondaire désigne l’attachement qui se réalise lorsque le détachement primaire a été réalisé. C'est le processus normal de transfert de l'attachement primaire à la mère (ou au parent de substitution) à tous les membres du groupe social et à son habitat. Il arrive que cet attachement secondaire devienne excessif et le chien ne trouve d'apaisement qu'en présence de sa ou ses figures d'attachement. L’animal cherche alors toujours à se trouver auprès d’une personne, qu’il suit partout où elle se rend et, en son absence, ou en anticipation de son absence ou de son éloignement, le chien présente des signes de détresse.
Ce problème d’anxiété de séparation, à l’origine des comportements indésirables évoqués dans le premier paragraphe, se rencontre chez des chiens qui ont un terrain anxieux et dépressif et apparaît généralement après la puberté. Ces animaux sont par ailleurs souvent inquiets, peureux et nerveux. En fait, chez ces chiens, ce n’est pas l’hyperattachement secondaire qui est à l’origine de l’anxiété mais l’anxiété qui les fait souffrir d’hyperattachement.
Cette anxiété peut elle-même avoir plusieurs origines parmi :
- des conditions de vie inappropriées à l’animal et/ou d’une mauvaise façon de communiquer entre les maîtres et le chien,
- un trouble du développement du chien comme par exemple un syndrome Hs-Ha,
- une maladie qui entraîne une douleur physique ou qui affecte le fonctionnement cérébral comme une hypothyroïdie.
Parce que votre chien ne gère pas bien sa frustration
Votre chien peut aussi tout simplement se montrer quelque peu « caractériel » et exprimer sa colère d’être resté seul à la maison en aboyant et en grognant, en grattant et en mordant les montants de la porte ou en effectuant du marquage urinaire ou fécal. Dans ce cas, les destructions sont généralement localisées aux issues et les malpropretés laissées « sciemment » dans des endroits stratégiques comme au beau milieu d’une pièce.
Ce type de comportement s’opère généralement chez les chiens dont les maîtres n’ont pas mis en place les règles de vie à la maison basées sur la gestion de l’alimentation, de l’espace et des contacts.
Parce qu'il s'ennuie
Il est possible enfin que votre chien s'ennuie en votre absence et cherche à tuer le temps en détruisant tout ce qui lui tombe sous la gueule.
Mon chien ne veut pas rester seul : comment bien agir ?
Mettre en place une thérapie comportementale
Que votre chien s'ennuie, souffre d’anxiété ou ne gère pas bien sa frustration, il y a plusieurs consignes à mettre en place dans les contextes de départ, de retour et de séjour à la maison :
Lors de votre départ
Supprimez tous vos rituels de départ qui consisteraient à dire « au revoir » à votre chien, ignorez-le complètement (ne lui parlez pas, ne le touchez pas et ne regardez pas) pendant au moins une demi-heure précédant le départ et partez comme si vous alliez chercher le courrier dans la boite aux lettres.
Il est possible que le simple fait de prendre votre manteau ou vos clés constituent des indices de départ pour votre chien qui suffisent à le mettre dans tous ses états. Si c’est le cas, brouillez les pistes ! Déconditionnez votre chien de ces gestes en les répétant au quotidien sans qu’ils ne soient suivis de votre départ. Ainsi, petit à petit, votre chien ne les associera plus à votre départ de la maison.
Vous pouvez aussi détournez l’attention de votre chien en lui donnant un jouet d’occupation rempli de friandises lors de votre départ. Mais attention, si vous ne lui donnez ce jouet que lors de votre départ, il deviendra à son tour un indice de votre départ. Pensez donc à le lui donner ce jouet à d’autres moments en votre présence également.
Si votre chien est anxieux, réduisez l’espace de votre chien en votre absence. Placez-le alors dans une pièce non borgne où il aura accès à son panier et à sa gamelle d’eau ou dans une niche d’intérieur pour des absences d’une durée inférieure à 3 heures. L’utilisation de la niche d’intérieur nécessite néanmoins d’avoir habitué positivement votre chien à y aller au préalable. C’est également une solution d’appoint – et donc provisoire - pour limiter les dégâts des chiens destructeurs (et ainsi les mettre aussi en sécurité) et en attendant des traiter les causes de l’anxiété du chien.
Lors de votre retour
De la même façon que vous supprimerez tout rituel de départ, supprimez tout rituel de retour. Soyez totalement indifférent aux demandes d'attention du chien jusqu'à ce qu'il soit calme. Ne culpabilisez pas de ne pas « dire bonjour » à votre chien à votre retour. En lui accordant de l’attention et des caresses, vous ne feriez que renforcer inconsciemment le fait que le chien été anxieux pendant tout le temps de votre absence. Ces gestes entretiennent le cercle vicieux de l'attachement et le mal-être de votre animal.
Ne punissez pas votre chien et ne le disputez par pour les bêtises qu’il aura faites en votre absence , quelles qu’elles soient. Votre chien ne comprendrait pas pourquoi vous le punissez et cela ne ferait que renforcer son anxiété. Appliquez donc la règle du "pas vu, pas pris".
En cas de malpropreté, ne nettoyez jamais devant votre chien. Votre posture de nettoyage, accroupie, ressemble à un appel au jeu. Or, en étant plutôt contrarié à ce moment là, vous enverriez un message plutôt paradoxal à votre animal et iriez à l’encontre du fait de devoir l’ignorer à votre retour à la maison.
A tout moment à la maison
Afin d’offrir un cadre stable et rassurant à un chien anxieux et afin de mettre un terme aux comportements indésirables d’un chien qui se prend pour le « chef » à la maison, il est nécessaire de (re)mettre en place des règles de vie à la maison basée sur :
- La gestion des contacts :
Vous devez être à l’initiative des contacts avec votre chien, que ce soit avec vous ou avec tout autre personne. C’est à vous de décider du début et de la fin de chaque activité : caresses, séance de jeu ou accueil des invités ... Il ne faut donc pas répondre aux sollicitations de votre chien quand il vient réclamer une caresse ou vous apporter un jouet et ne pas hésiter à le repousser ou à l’envoyer dans son panier s’il devient insistant.
Votre chien comprendra alors qu’il n’a pas accès à toutes ces ressources quand il le souhaite mais que c’est à vous, son être d’attachement, sa « figure parentale », son être de confiance, de décider pour lui.
- La gestion de l’espace :
Vous devez proposer à votre chien un panier, une caisse ou une niche confortable, dans la pièce à vivre de votre maison. Votre chien doit pouvoir y être tranquille et ne pas y être dérangé. Cette place ne doit pas se situer au milieu de la pièce, ni dans un endroit stratégique comme en bas d’un escalier ou à côté d’une porte par exemple afin qu’il ne surveille pas vos aller et venues. Donner une place à son chien lui permet d’avoir un endroit « refuge » dans votre maison, un lieu sans trop de passages et où, surtout, personne ne viendra l’embêter.
Vous ne devez pas tolérer que le chien s’installe dans des endroits gênants qui nécessitent de l’enjamber ou de le contourner pour passer, ni qu’il ne vous suive partout dans la maison. Interdisez-lui également l’accès au canapé et au lit (ou tout du moins régulez leur accès). Instaurez des pièces interdites où le chien n’aura pas le droit que d’aller sur votre demande.
- La gestion de la nourriture :
Enfin, le chien doit idéalement être nourri après ses maîtres (ou au moins une heure avant), isolé (sans que les maîtres ne le regardent manger) et en 15 à 20 minutes. Le chien ne doit pas obtenir de nourriture lorsqu’il réclame à table ni manger à volonté, « en libre-service ».
Pensez également à répondre aux besoins sociaux et de dépenses physiques et mentales de votre chien en le promenant tous les jours et en lui proposant des activités quotidiennes.
Le coup de pouce naturel
Si votre chien est anxieux lorsque vous le laissez seul, il est possible d’appuyer les effets de la thérapie comportementale par :
- l’utilisation de phéromones apaisantes sous forme de collier ou de diffuseur électrique à placer dans la pièce où le chien séjourne en votre absence,
- l’administration de Fleurs de Bach en particulier des élixirs floraux de chicorée ou de marronnier rouge à raison de 3 gouttes par jours pendant au moins 15 jours. Choisissez des formules spécifiquement formulées pour les animaux ou pour les enfants, exemptes d’alcool.
Ces produits ne sont évidemment pas efficaces lorsqu’ils sont utilisés seuls dans le « traitement » d’une anxiété de séparation mais peuvent faciliter l’application d’une thérapie comportementale de détachement.
Et si cela ne suffit pas ?
Si la mise en place de ces quelques conseils ne suffit pas à régler réduire les comportements gênants de votre animal, le mieux est de faire appel à :
- un vétérinaire dans un premier temps, pour écarter tout problème physique ou de développement à l’origine de son incapacité à rester seul. En plus d’une thérapie comportementale, il est possible en effet dans ces cas précis que votre chien doive recevoir un traitement médicamenteux afin de traiter ses troubles,
- un spécialiste du comportement canin, vétérinaire comportementaliste ou éducateur canin-comportementaliste, qui pourra identifier précisément les origines du trouble de votre chien et mettre en place une thérapie comportementale adaptée à son cas particulier.