Qu’est-ce que la leishmaniose ?
La leishmaniose est une grave maladie parasitaire du chien causée par un protozoaire flagellé.
Ces parasites sont transmis à nos chiens par les femelles des phlébotomes, des petits insectes ailés et piqueurs qui se nourrissent du sang des vertébrés. Les phlébotomes, qui peuvent facilement être confondu avec des moustiques, sont très actifs à la tombée de la nuit et à des températures minimales comprises entre 18°C et 22°C. Ainsi, la leishmaniose sévit surtout dans les régions au climat méditerranéen, dans le Sud de l’Europe (Grèce, Espagne, Portugal, Italie…) et dans le sud de la France.
En France, c’est Phlebotomus perniciosus qui est le principal vecteur des parasites responsables de la leishmaniose.
Comment un chien peut-il attraper la leishmaniose ?
Leishmania infantum, le protozoaire en cause
S’il existe différentes espèces de leishmanies dans le monde, c’est Leishmania infantum qui est responsable de la leishmaniose en Europe. Ce parasite est un protozoaire (organisme unicellulaire) qui vit et se multiplie au sein de certaines cellules de son hôte.
Le parasite peut infester le chien, le renard, l’Homme et exceptionnellement le chat.
Une contamination par la piqûre d’un phlébotome
Leishmania infantum existe sous 2 formes :
- la forme promastigote qui se multiplie dans les phlébotomes.
- la forme amastigote qui se développe chez les vertébrés.
Lorsqu’un phlébotome femelle pique l’animal (ou l’Humain), elle injecte le parasite -alors présent dans ses glandes salivaires sous forme promastigote – à son nouvel hôte. Ce dernier se fait alors phagocyter par les macrophages présents dans la peau. Les promastigotes deviennent ensuite amastigotes et se multiplient au sein de ces cellules d’où ils s’échappent ensuite par rupture de ces cellules. Les promastigotes se font phagocyter par d’autres macrophages et envahissent ainsi les organes hématolymphopoïétiques dont la moelle osseuse. Une fois ces différents organes atteints, les parasites gagnent la peau, les reins, le pancréas, le tube digestif, les yeux, les os, les articulations etc.
C’est lorsqu’un nouveau phlébotome pique l’animal ou l’homme infesté qu’il ingère le sang de sa victime contaminé par le parasite. Une fois dans le système digestif du phlébotome, les formes amastigotes se transforment alors en formes promastigotes pour s’y multiplier avant de migrer vers les glandes salivaires de l’insecte. Ainsi parasité, le phlébotome peut alors aller infecter un nouvel hôte.
La leishmaniose, une maladie transmissible à l’être humain
La leishmaniose est une zoonose. Comprenez par là que c’est une maladie qui affecte aussi bien les animaux que les êtres humains. Un chien porteur de leishmanies dans son derme, qu’il soit malade ou non, peut transmettre indirectement la maladie à ses maîtres. Mais, seul le phlébotome peut transmettre la maladie. Il faut alors qu’il s’infecte au contact du chien puis qu’il pique l’être humain pour que ce dernier puisse être contaminé. En revanche, un chien atteint de leishmaniose ne peut pas contaminer un être humain par son seul contact, sans l’intervention de l’insecte.
Les régions les plus à risque en Europe et en France
Vous l’aurez compris, la présence de la leishmaniose sur un territoire donné est dépendante de la présence de phlébotomes dans l'environnement.
Comme les phlébotomes vecteurs du parasite aiment la chaleur, ils sont surtout présents dans les régions du Sud-Est de la France et en Corse. Avec le réchauffement climatique, ils ont également tendance à se propager vers le Sud-Ouest et la région Rhône Alpes.
En Europe, la leishmaniose touche plus généralement l’ensemble du pourtour méditerranéen : Grèce, Espagne, Portugal, Italie….
Dans les régions tempérées, les phlébotomes sont particulièrement actifs d’avril à octobre.
Quels sont les symptômes de la leishmaniose ?
Il peut se passer un grand laps de temps entre la piqûre du phlébotome (qui peut d’ailleurs passer inaperçue) et la survenue des premiers symptômes de la maladie si bien que le lien entre les deux peut être compliqué à établir. Le temps d’incubation de la leishmaniose varie en effet de 3 mois à 8 ans après la piqûre du phlébotome !
De plus, la multiplicité des organes touchés et la grande hétérogénéité de ses symptômes en fait une maladie assez difficile à reconnaître sans le recours à des examens spécifiques.
Les phlébotomes choisissent généralement une zone dépourvue de poils comme l’intérieur des oreilles ou le haut de la truffe pour piquer leurs victimes. La piqûre peut passer totalement inaperçue ou donner lieu à un « chancre d’inoculation » qui apparaît 1 à 3 semaines plus tard. A l’endroit de la piqûre, la peau du chien devient alors rouge, squameuse et enflée avant de s’ulcérer et de se recouvrir d’une croûte pour cicatriser complètement en 3 à 5 semaines. Le chancre d’inoculation correspond au site de multiplication des leishmanies à l’endroit même de la piqûre.
La leishmaniose peut ensuite se manifester par :
- diverses lésions cutanées comme l’apparition de zones dépourvues de poils de formes et d’étendues variables (alopécie), la formation de grandes squames (morceau de peau morte qui se détache de l’épiderme) , d’ulcérations, de pustules et de nodules,
- une décoloration et des ulcérations de la truffe pouvant être à l’origine d’épistaxis (saignement du nez),
- un amaigrissement lié à une diminution de l’appétit du chien et une fonte musculaire, en particulier des muscles de la face,
- des lésions oculaires,
- une croissance anormale des griffes qui s’allongent, se déforment et se fissurent,
- une augmentation du volume des ganglions,
- une diarrhée chronique avec présence de sang digéré dans les selles,
- des signes d’insuffisances rénale et hépatique,
- des signes d’anémie,
- des boiteries,
- …
Certains chiens peuvent être infestés par le parasite mais ne jamais développer aucun symptôme ou ne les développer qu’au bout de plusieurs mois ou années à la faveur d’une baisse d’efficacité de leur système immunitaire. Ces chiens infectés mais non malades constituent un réservoir de parasite pour l’être humain et les autres animaux.
Des races prédisposées ?
Si tous les chiens peuvent être parasités par les leishmanies, certaines races de chien possèderaient une immunité naturelle contre la maladie quand d’autres y sont plus vulnérables. L’Ibizian hound possèderait ainsi une immunité efficace contre la leishmaniose alors que le Boxer a un système immunitaire inefficace contre cette maladie.
Quel traitement pour la leishmaniose ?
Le traitement ne permet pas permet pas de guérir un chien atteint de leishmaniose mais seulement de ralentir l’évolution de la maladie et de contrôler ses symptômes.
Il s’agit d’un traitement long et cher qui repose principalement sur l’injection quotidienne d’antimoniate de méglumine pendant 3 à 4 semaines suivi d’un traitement à vie et quotidien par l’allopurinol par voie orale.
Ce traitement spécifique peut être complété par des traitements symptomatiques et peut s’accompagner d’effets secondaires (altération des fonctions rénales).
Il devra obligatoirement être accompagné d’un suivi régulier de l’animal par le vétérinaire.
Comment protéger son chien ?
La vaccination
Il existe un vaccin contre la leishmaniose chez le chien. Il nécessite 1 à 3 injections initiales puis un rappel annuel. Les chiots peuvent être vaccinés à partir de leurs 6 mois mais pas en même temps que pour les autres maladies contre lesquelles il est couramment vacciné : maladie de Carré, leptospirose etc.
Si ce vaccin n’est pas efficace à 100%, il permet néanmoins de diminuer par 4 les risques d’infection.
En revanche, le vaccin ne doit pas être réalisé sur les chiens déjà infectés par le parasite. Il est donc nécessaire de faire dépister son chien avant de le faire vacciner.
Prévenir les piqûres de phlébotomes
Pour l’animal (vacciné ou non) comme pour l’Homme, éviter les piqûres de phlébotome reste la meilleure option de prévention vis-à-vis de la leishmaniose.
Pour ce faire, il est conseillé :
- de ne pas sortir les chiens au crépuscule pendant les périodes à risque, d’avril à octobre, si vous résidez dans une zone géographique où le phlébotome est présent,
- de ne pas tondre votre chien car le pelage à un relatif effet protecteur vis-à-vis des piqûres de l’insecte,
- brancher des ventilateurs dans la pièce où dort votre chien pendant les périodes à risque (les phlébotomes craignent le vent),
- d’éviter d’ouvrir les fenêtres la nuit dans les périodes et zones à risque. Les moustiquaires ne sont pas très efficaces contre l’entrée du phlébotome dans les maisons du fait de sa très petite taille,
- de faire la chasse aux « niches à phlébotomes » : éliminer les réservoirs d’eau stagnante dans le jardin et la maison, remplir les crevasses des murets etc.
- d’utiliser un produit répulsif contre les phlébotomes dans les zones à risque. Ils sont aujourd’hui disponibles en collier ou en pipettes spot-on. Demandez conseil à votre vétérinaire afin de vous assurer que le produit choisi est bien efficace contre l’insecte et qu’il n’est pas contre-indiqué chez votre animal. Notez bien que ces produits ne sont pas efficaces à 100% et ne vous dispensent pas de prendre les précautions sus-citées.
Attention !
Tous les produits répulsifs contre les phlébotomes et utilisables chez le chien sont très toxiques pour le CHAT.
Notez bien !
Les colliers répulsifs vis-à-vis des phlébotomes ne sont efficaces qu’une semaine après leur placement sur le chien. Si vous vous rendez dans une zone à risque avec votre chien, à l’occasion de vos vacances estivales par exemple, il vous faudra anticiper !
Comment reconnaître un phlébotome ?
Le phlébotome est un petit moucheron (entre 2 et 3 mm), à peine visible à l’œil nu, doté de 2 ailes et de 6 pattes et à l’aspect velu. Le vol du phlébotome ne fait aucun bruit et se fait par petits bonds d’un mètre entrecoupé de repos et à faible hauteur. Sa piqûre est douloureuse, contrairement à celle d’un moustique.
Crédit photo: CDC/ Frank Collins [Public domain]