La digestion chez le chien

La digestion chez le chien
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Comment et en combien de temps se déroule la digestion chez le chien ? On fait le point…

Le principe de la digestion chez le chien

La digestion sert à rendre les nutriments présents dans la nourriture des chiens assimilables par leur organisme.

Pour ce faire, il est nécessaire de « casser » les protéines, lipides (les graisses) et glucides (les « sucres ») en molécules plus petites et solubles. Ainsi, les protéines présentes dans la nourriture du chien sont réduites en unités d’acides aminés et en dipeptides. La plupart des lipides sont réduits en glycérol, en acides gras libres, et en mono et diglycérides tandis que les glucides complexes sont réduits en « sucres simples » comme le glucose, le fructose et le galactose. C’est sous ces formes que les nutriments apportés par l’alimentation peuvent être absorbés au niveau intestinal pour ensuite passer dans le sang de l’animal et y être véhiculés vers les organes qui pourront les utiliser.

Deux grands mécanismes permettent d’arriver à ce résultat :

  • des mécanismes physiques qui altèrent « mécaniquement » les molécules comme l’étape de mastication des aliments dans la gueule,
  • des mécanismes chimiques qui mettent en jeu des enzymes chargées d’hydrolyser les nutriments du bol alimentaire.

La digestion commence donc dans la gueule du chien, lorsque l’animal mâche ses aliments avant de les avaler, continue dans le système digestif et se termine par l’évacuation des parties d’aliments non digérées dans les excréments. Elle est relativement rapide et dure environ 24 heures.

Regardons de plus près ce qui passe à chacune des étapes de la digestion du chien, quand les aliments passent au travers des différents organes qui constituent le système digestif du chien.

La digestion chez le chien

Étape n°1 : la gueule

Dans la gueule du chien, les aliments sont mastiqués et mélangés à la salive avant d’être avalés. Sécrétée par les glandes salivaires lorsque le chien voit et sent de la nourriture, la salive joue le rôle de lubrifiant pour faciliter la mastication et la déglutition des aliments. Elle permet aussi de solubiliser les molécules aromatiques de la nourriture pour que ces dernières puissent aller stimuler les bourgeons gustatifs présents sur la langue du chien et joue, à ce titre, un rôle important dans la perception du goût.

Mais, contrairement aux êtres humains, les chiens ne possèdent pas d’amylase salivaire, une enzyme permettant de « prédigérer » l’amidon éventuellement présent dans l’alimentation. Les chiens ont également tendance à ne pas beaucoup mâcher leurs aliments et à les avaler par grosses bouchées.

Étape n°2 : l’œsophage

Les aliments passent de la gueule du chien à son estomac en passant par l’œsophage. En présence de nourriture, ce dernier sécrète un mucus destiné à lubrifier le passage des aliments vers l’estomac et fait progresser le bol alimentaire grâce à des mouvements péristaltiques. Lorsque les aliments atteignent la fin de l’œsophage, le cardia se relaxe pour laisser passer les aliments : il s’agit d’un muscle circulaire qui ferme la partie basse de l’œsophage. Une fois les aliments passés dans l’œsophage, il se contracte immédiatement pour éviter que l’acidité de l’estomac ou les aliments ne remontent.

Étape n°3 : l’estomac

La digestion chimique des protéines et des graisses est initiée dans l’estomac où les aliments sont stockés à leur sortie de l’œsophage. Le bol alimentaire y est mélangé aux sécrétions gastriques constituées de mucus, d’acide chlorhydrique, de pepsinogène (le précurseur de la pepsine qui est une enzyme capable d’hydrolyser les protéines) et de lipase gastrique (enzyme qui participe à l’hydrolysation des lipides).

Le saviez-vous ?

L’estomac du chien est très développé et sa capacité peut varier entre 0.5 et 6 L !

Les sécrétions de mucus, protecteur de la paroi stomacale, comme celle d’acide chlorhydrique, créant un environnement acide favorable à l’activité des enzymes digestives, se font sous l’influence de stimuli neurologiques et hormonaux. Cela peut notamment expliquer que des émotions négatives ressenties par le chien comme de la peur, du stress ou de l’anxiété peuvent avoir des répercussions sur la digestion du chien.

Les mouvements péristaltiques de l’estomac qui mélangent les aliments aux diverses sécrétions gastriques transforment progressivement le contenu de l’estomac en une bouillie semi-liquide qu’on appelle le chyme. C’est sous cette forme que le contenu gastrique se vidanger au travers du pylore, le sphincter qui sépare l’estomac de l’intestin grêle.

La vitesse de vidange de l’estomac est influencée par divers facteurs incluant notamment le volume du repas et la composition de ce dernier. Ainsi, les repas riches en graisses et/ou en fibres solubles ont tendance à ralentir la vidange de l’estomac alors que les repas humides et plutôt riches en fibres insolubles ont l’effet inverse. Lorsqu’un chien mange une alimentation riche en viandes (pâtées ou alimentation ménagère), son estomac se vide en 4 à 7h alors que lorsqu’il mange un repas constitué d’aliments secs riches en céréales, comme des croquettes par exemple, la vidange gastrique peut prendre jusqu’à 15h.

Étape n°4 : l’intestin grêle

A son arrivée dans l’intestin grêle, le chyme est une substance composée de particules alimentaires mélangées à des sécrétions gastriques et dans laquelle les glucides et les graisses sont restées relativement intacts depuis leur absorption et où les protéines ont été déjà partiellement hydrolysées en polypeptides plus petits.

La digestion du chyme va donc se poursuivre donc dans l’intestin grêle où des mécanismes chimiques plus importants vont se mettre en jeu, permettant ainsi l’absorption des nutriments. On estime le temps de transit moyen du bol alimentaire dans l’intestin grêle du chien à environ 2 heures.

La digestion des nutriments dans l’intestin grêle

Le pancréas et les glandes situées dans la muqueuse du duodénum sécrètent diverses enzymes libérées dans la lumière de l’intestin grêle qui sont chargées de digérer chimiquement les graisses, les lipides et les glucides. Les grosses molécules de nutriments y sont donc séparées en petites molécules capables de passer au travers de la fine membrane intestinale pour gagner la circulation sanguine et lymphatique.

L’absorption des nutriments

L’intestin grêle est aussi le siège de l’absorption des nutriments concomitante à celle des vitamines et minéraux contenus dans l’alimentation. Sa paroi offre en effet une importante surface d’échange pour faciliter cette absorption. L’épithélium de l’intestin est composé de cellules qui possèdent à leur surface de nombreuses microvillosités, des sortes de minuscules petits poils qui augmentent considérablement la surface d’échange disponible dans l’intestin grêle. On appelle souvent ce tapis de cellules la bordure en brosse de l’intestin grêle. Son rôle est essentiel dans l’absorption des différents nutriments de manière active comme passive.

Étape n°5 : le côlon

Le contenu de l’intestin grêle entre ensuite dans la dernière portion du tube digestif, le gros intestin, via la valvule iléo-caecale. Le temps de transit des matières dans la dernière portion de l’intestin est estimé à une douzaine d’heures.

Contrairement à l’intestin grêle, les cellules du côlon ne présentent pas de microvillosités si bien que l’absorption des nutriments est quasi-nulle à ce niveau. En revanche, le côlon est capable d’absorber de grandes quantités d’eau et d’électrolytes, en particulier du sodium, par diffusion passive.

C’est dans aussi dans le côlon que va prendre place la fermentation des fibres alimentaires non-digestibles sous l’action des bactéries qui y sont présentes et qui constitue la flore intestinale. En tant que carnivore, le chien possède un gros intestin relativement court qui l’empêche, contrairement aux espèces d’animaux herbivores, de tirer partie de l’énergie présente dans ces fibres.

Néanmoins, la fermentation bactérienne de ces fibres dans le côlon permet la synthèse d’acides gras à chaînes courtes qui contribuent à préserver la bonne santé du tractus intestinal.

Les matières fécales constituées de résidus alimentaires non digérés, de cellules intestinales mortes, de bactéries et de sécrétions endogènes résiduelles gagnent ensuite le rectum, la dernière portion du côlon, pour être évacuées lors de la défécation.

La texture, l’odeur, le volume ainsi que la couleur des excréments du chien dépendent en grande partie de la quantité et de la nature des matières non digestibles qui sont présentes dans le régime alimentaire du chien ainsi que de la richesse et de la variété de la flore digestive du chien.




Guylaine Vandekerkhove

Ingénieure diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA) et d'un Master en ingénierie de la santé et nutrition, Guylaine VANDEKERKHOVE est la co-fondatrice de toutoupourlechien.com. Elle utilise désormais ses compétences scientifiques pour écrire des articles sur la santé et la nutrition canine et puise ses sources sur des ouvrages vétérinaires de référence. Passionnée par les chiens depuis toujours, elle a également validé une formation pratique d'éducatrice-comportementaliste canin.