Est-ce qu’on souhaite plutôt un chiot ou un chien adulte, quelle race, plutôt dans un élevage ou plutôt dans un refuge ? Tant de questions auxquelles je vais essayer de répondre afin de vous apporter des pistes supplémentaires de réflexion.
Tout d’abord, je tiens à préciser que je ne suis absolument pas contre l’achat de chiot ou de chien en élevage, j’ai d’ailleurs moi même fait ce choix lors de l’adoption de mon tout premier chien il y a déjà quelques années. Et pour être tout à fait honnête et transparente avec vous, à l’époque, l’idée d’accueillir chez moi un chien venant d’un refuge me faisait un peu peur. En effet, je n’étais pas certaine de pouvoir gérer un tel chien, j’avais énormément d’aprioris sur les conditions de vie des chiens recueillis en refuge et j’avais tout simplement peur de ne pas pouvoir assumer une telle responsabilité.
Or, depuis, vous l’aurez compris, ma réflexion a beaucoup évolué, et notamment depuis que je suis devenue éducatrice canin bien entendu.
Le chien / objet
Il s’avère que depuis que j’ai décidé de faire de ma passion mon métier, j’ai été confronté, peut-être de manière un peu brutale, à un réel fléau que je ne soupçonnais pas à ce point, je l’avoue. En effet, je vois (trop) régulièrement des gens qui flashent sur des chiots en animalerie, l’achète parfois au prix d’un SMIC et se retrouvent, deux mois plus tard, à essayer de redonner le chiot en question à l’animalerie. Et bien non, navrée, mais les chiens ne font pas partie des produits « satisfait ou remboursé », ce ne sont pas des meubles que l’on rapporte au fournisseur lorsqu’il y a un défaut de fabrication.
Bien entendu, je ne fais pas de généralité de ce cas mais lorsque je vois le nombre de chiens recueillis et les difficultés des associations pour « désengorger » leurs refuges, je me dis qu’il est grand temps de faire quelque chose et de sauver les animaux plutôt que de les acheter comme de simples objets.
Mais alors voilà, la question se pose : quel chien choisir ? Lequel est fait pour moi ? Comment éviter le retour au refuge ? Suis-je certain de la compatibilité « homme/chien » ? etc.
Des idées reçues à nuancer
Si vous avez été comme moi à l’époque, vous vous demandez très certainement si vous serez capable de gérer un chien au passé inconnu, voire dans certains cas, traumatisant.
Et bien sachez que tous les chiens de refuge ne sont pas nécessairement des chiens ayant été maltraités, battus et laissés pour mort. Non, en effet, et même si cela n’excuse en rien cette démarche, certains chiens sont abandonnés par manque de temps, par incompatibilité, à cause d’un décès ou encore d’un déménagement. Ils ne sont donc pas tous peureux, craintifs, hyper actifs ou encore agressifs, ils n’ont pas tous des problèmes de développement ou de comportement, soyez-en rassuré.
Une autre idée reçue que l’on entend beaucoup : les chiens de refuge ne sont pas des chiens pure race. Je dis faux, archi faux ! Ils ne sont peut être pas une majorité, j’en conviens, mais malheureusement, ces chiens ne sont pas davantage épargnés que les autres par l’abandon. Seulement, il est parfois impossible de certifier un chien de « pure race » car il est très rare que le chien soit recueilli avec son pedigree accroché autour du coup. De fait, on sera dans l’obligation d’indiquer « chien de type » + sa race.
Dernière idée reçue : les refuges n’accueillent que des chiens adultes, voire vieux. Erreur ! Même si l’on souhaite adopter un chiot, il est tout à fait possible de le faire au sein d’un refuge. Malheureusement, certains particuliers étant négligeant quant à la stérilisation de leurs animaux se retrouvent avec des portées imprévues, dans l’incapacité de placer les chiots et donc, de les abandonner… Cependant, les chiots ne restent pas très longtemps au sein des refuges, ils sont souvent très vite adoptés.
Des responsabilités à assumer
De plus, vous devez être conscient des responsabilités que l’adoption d’un chien implique. Que votre toutou vienne d’un élevage ou d’un refuge, c’est la même chose : vous devez assumer votre décision ! Celle-ci doit être réfléchie en amont et auprès de toute votre famille. Il ne s’agit pas de faire uniquement sa bonne action de l’année en adoptant un chien pour ensuite ne pas en assumer les conséquences.
Assumer une telle décision, c’est anticiper et penser aux frais futures : soins vétérinaires, alimentation, jouets, éventuelles activités en club, etc.
Assumer un telle décision, c’est aussi prendre conscience de l’être vivant que l’on a en face de soi. En effet, cet être a des besoins auxquels vous devez répondre :
- Besoins primaires : manger (nourriture adaptée et de qualité), boire (en libre service), dormir (avoir un panier dans la pièce à vivre dans lequel on sera tranquille).
- Besoins sociaux : rencontrer des copains chiens régulièrement, se balader tous les jours pendant minimum 30 minutes, se dépenser physiquement, intellectuellement et olfactivement.
- Besoins sécuritaires : trouver sa place au sein du groupe, avoir un être de référence sur lequel on peut se fier, avoir un cadre de vie structuré avec la mise en place de règles de vie pour une bonne cohabitation, etc.
Vos meilleurs amis du moment : le personnel du refuge
Dans tous les cas, vous devez impérativement vous renseigner auprès du personnel qui travaille au quotidien sur le refuge et qui, de fait, connait parfaitement les chiens. Grâce à leurs observations et leur expérience, vous pourrez leur poser un milliard de questions afin de peaufiner votre choix au maximum.
De plus, n’hésitez pas à leur demander la compatibilité avec les autres chiens si vous en avez déjà ou encore avec d’autres espèces comme les chats, les oiseaux, etc. Mais aussi avec certains types de personne, je pense notamment aux enfants ou aux personnes âgées, s’ils font partie de votre foyer. C’est très important car cela évite de mauvaises surprises une fois que vous serez rentré à la maison avec votre nouveau compagnon, qui deviendra, de fait, très vite une "contrainte" si vous ne vous êtes pas renseigné auparavant concernant sa socialisation.
Quelle race choisir ?
Il faut bien entendu vous renseigner également sur les spécificités de la race du chien que vous choisissez, et même s’il s’agit d’un croisement. Il faut vous assurer que vous pourrez répondre à ses besoins correctement et que votre mode de vie permette son adaptation au sein de votre foyer.
Par exemple, ne choisissez pas un chien ayant des défauts d’apprentissage des auto-contrôles, ne sachant pas se poser et étant toujours dans l’excitation si vous avez des enfants à la maison.
Ne prenez pas non plus le chien le plus craintif et sensible du refuge si vous habituez en plein centre ville. Ou encore, et excusez par avance la brutalité de mes propos, ne choisissez pas un chien si vous n’avez tout simplement pas le temps de vous en occuper et que vous souhaitez « juste » combler un manque affectif ou remplacer de suite votre chien disparu. Je sais bien que c’est souvent tentant mais adopter un chien doit venir d’une décision murement réfléchie.
J’ajouterai également que le choix du chien ne doit pas se limiter à des critères physiques. Depuis de nombreuses années, ce sont les chiens de travail qui sont « à la mode » comme les Bergers Allemands ou, plus récemment, les Bergers Australiens. Mais ces chiens ne sont pas à mettre entre les mains de tout le monde car ils ont des besoins de dépenses physiques et intellectuelles très forts pour palier parfois à leur « non utilité », et oui, je comprends bien que nous n’avons pas tous un troupeau de moutons à proposer à notre chien.
Croyez-moi, si vous n’êtes pas en mesure de répondre correctement aux besoins de votre futur chien, il est préférable qu’il reste un peu plus longtemps en refuge en attendant une famille d’accueil plus adaptée.
Des visites régulières
N’hésitez pas à vous rendre régulièrement au sein du refuge pour être certain de votre choix, et ainsi, éviter le retour en refuge de votre chien pour cause d’incompatibilité maitre/chien. Promenez les chiens, jouez avec eux afin de les observer et de voir si une alchimie opère avec un chien en particulier.
Si vous ne « trouvez pas votre bonheur », ne vous forcez pas et revenez plus tard ou aller voir d’autres refuges. Il ne s’agit pas d’adopter tel ou tel chien par défaut. Malheureusement, il existe encore de nombreux refuges et régulièrement, de nouveaux chiens arrivent. Soyez donc patient car, vous trouverez forcément la perle rare qui rendra votre vie meilleure.
Et je finirai par une phrase qui m’a réellement bouleversée : « Adopter un chien dans un refuge, c’est sauver deux vies : celle du chien que l’on adopte mais aussi celle du chien qui prendra sa place dans le box ».