Pourquoi est-ce que mon chien est agressif envers ses congénères ?
De nombreuses causes peuvent expliquer qu’un chien soit ou devienne insociable avec ses congénères, en voici quelques unes (les plus courantes dirons-nous) :
- Lorsqu’il était chiot, il n’a pas suffisamment été mis en contacts réguliers et positifs avec d’autres chiens adultes équilibrés pendant sa période de socialisation, le chien en question n’a donc pas pu développer ses codes canins et apprendre à parler chien.
- La socialisation a été faite lorsqu’il était chiot mais ensuite, les rencontres se sont faites de plus en plus rares, le chien en question a donc « perdu » ses codes canins.
- Le chiot ou le chien a vécu de nombreuses mauvaises expériences avec ses congénères ou seulement une très traumatisante.
- Le chiot a un problème génétique qui influe sur sa capacité à tolérer les autres chiens : dans ce cas il faudra consulter un vétérinaire et éventuellement proposer au chien un traitement contre l’hyperthyroïdie.
- Le chien a été adopté en refuge/asso et arrive en ville après plusieurs années à la campagne sans n’avoir jamais rencontré d’autres chiens.
- Vous, en tant que propriétaire (souvent de petits chiens), avez peur que votre chien soit blessé et vous évitez donc les rencontres entre congénères.
- Le chien (si c’est un mâle) est non castré, il produit alors de la testostérone qui est une hormone stéroïdienne qui peut alors provoquer un comportement de concurrence entre plusieurs chiens mâles, non castrés.
Est-ce que mon chien est dominant ?
En tant qu’éducatrice canin, j’entends souvent les maîtres me dirent : « mon chien agresse ses congénères car il est dominant ». C’est un raccourci un peu dangereux et surtout complètement dénué de sens.
Je m’explique : le statut de « dominant » est un statut fluctuant. C’est à dire qu’un chien pourra chercher à s’imposer face à chien A et complètement se soumettre face à un chien B. La dominance ne doit absolument pas être perçue comme un trait de caractère chez votre chien !
Les 7 conseils lorsque l’on a un chien agressif avec les autres chiens
Conseil n°1 : si votre chien a moins d’1 an, vous pouvez envisager la castration afin de limiter la montée de testostérone qui, pour certains chiens, viendra accentuer l’esprit de concurrence avec les autres mâles.
Attention tout de même, la castration n’aura pas nécessairement un effet sur le comportement de votre chien. Une étude réalisée par le Dr Joël Duhasse montre même certains effets pouvant aggraver le « mauvais » comportement du chien en question. N’hésitez pas à en parler à votre vétérinaire.
Conseil n°2 : privilégiez des rencontres contrôlées ! Si vous n’êtes pas sûr que cela va bien se passer, nul besoin de prendre le risque. Il ne s’agit pas non plus de prendre un chien « au hasard » pendant une de vos promenades et espérer que cela se passera bien. Ainsi, pour mettre toutes les chances de votre côté et pour réellement contrôler la situation, privilégiez des rencontres :
- avec un chien de sexe opposé,
- avec un chien tolérant et équilibré (qui possède les codes canins),
- avec un chien de gabarit similaire,
- dans un endroit neutre et sécurisé où les chiens pourront évoluer librement.
Conseil n°3 : ayez une attitude cohérente et rassurante pour votre chien. C’est facile à dire, j’en conviens, mais si vous avez peur ou si vous vous énervez dès que votre chien commence à se montrer agressif, il prendra votre inconfort comme une raison valable d’agresser. Ainsi, soyez sûr de vous : soit vous laissez les chiens se rencontrer et dans ce cas, respectez bien le conseil n°2, et n’influencez pas le comportement de votre chien, soit vous ne jugez pas opportun de procéder à la rencontre et vous passez votre chemin comme si de rien n’était.
De même, si vous décidez de mettre en place une rencontre, et que des grognements commencent à se faire entendre, n’intervenez pas tout de suite, sauf pour dire éventuellement d’une voix très posée : « c’est coooool ». Si vous vous énervez et/ou interrompez l’échange entre les deux chiens, cela ne fera qu’empirer la situation.
Ainsi, il est toujours préférable de laisser deux chiens communiquer ensemble, et les grognements sont une forme de communication.
Conseil n°4 : habituez positivement votre chien au port de la muselière afin qu’il n’y ait pas de dommages physiques lors d’une éventuelle confrontation violente. La muselière est un outil de sécurité, qui vous permettra, en plus, d’être beaucoup plus détendu lors de l’échange.
Conseil n°5 : renforcez l’obéissance de votre chien pour pouvoir avoir un contrôle sur lui. Lorsqu’un chien devient agressif, que ce soit pour n’importe quelle raison, il devient souvent ingérable. Le renforcement de l’obéissance pourra alors vous permettre de récupérer l’attention de votre chien dans des moments de grande réactivité.
Souvent, les maîtres de chiens agressifs me disent : « je ne comprends pas, à la maison il m’écoute pourtant ». Et c’est bien normal, à la maison il n’y a pas de si grandes stimulations… Il faut donc renforcer l’obéissance de base, d’abord dans le salon, puis dans le jardin, puis en balade dans un lieu calme, puis dans un parc, etc.
L’important dans l’éducation d’un chien est d’y aller par étape et ne pas chercher à aller trop vite au risque de détruire tout le travail fait en amont.
Conseil n°6 : faites appel à un éducateur canin professionnel qui propose à la fois des leçons individuelles mais aussi des leçons éducatives en groupe par le biais de balades collectives par exemple. Cela pourra être un bon exercice pour votre chien, car il intégrera ainsi un groupe déjà constitué. Et un chien agressif ira moins « attaquer » au sein d’un groupe déjà consisté tout simplement parce qu’il n’aura pas les épaules pour attaquer tous les chiens.
De plus, un chien mâle par exemple qui attaque principalement les mâles, sera moins tenté de le faire au sein d’un grand groupe car il préférera en général jouer avec les femelles.
Toutefois, ce conseil est valable seulement si vous choisissez un club professionnel avec une communauté déjà présente. Je m’explique, pour que ce genre de travail soit pertinent et efficace, n’allez pas voir un éducateur canin qui propose des leçons collectives que de temps en temps et rarement avec les mêmes chiens. Par exemple, moi même éducatrice canin, je propose des leçons de groupe mais il est très rare que ce soit les mêmes personnes qui y participent car je ne fonctionne pas du tout comme un « club ».
Préférez alors des clubs professionnels (si possible) où vous serez encadré par un éducateur canin professionnel et où vous rencontrerez régulièrement les mêmes chiens.
Attention, un bilan et un suivi individuel devront obligatoirement être faits afin de savoir si cette activité conviendra réellement à votre chien et sera réellement pertinente dans la résolution de vos problèmes.
Conseil n°7 : soyez conscient du fait que votre chien ne pourra pas nécessairement s’entendre avec tous les chiens. C’est incohérent de se dire qu’un chien peut accepter tous les contacts avec ses congénères. Vous appréciez tout le monde vous ?
Sans que cela ne devienne problématique et contraignant au quotidien, il faut bien avouer qu’un chien reste un chien. Par exemple, j’ai un Border Collie de 5 ans, non castré, qui, à l’âge de 2 ans s’est mis à attaquer les mâles. C’est clairement dû à la testostérone mais aussi dû à quelques mauvaises expériences non contrôlées (comme quoi, ça arrive à tout le monde). Et bien je prends mon chien comme il est et ne vais pas lui faire subir des rencontres avec d’autres mâles si je sais que ça ne se passera pas bien. Je préfère davantage renforcer ma relation avec lui, le fait qu’il « laisse » lorsque je lui demande et qu’il parvienne à lâcher l’affaire sur indication.
Aucun chien n’est parfait, et aucun maître non plus. Ne soyez ni trop dur avec votre chien, ni trop dur avec vous même. Il est parfois nécessaire de s’adapter au caractère et aux « réflexes » de son chien. Toutefois, tous les conseils exposés ci-dessus devront être mis en place pour tout de même permettre une cohabitation harmonieuse et une vie quotidienne sereine.