Vous n’en pouvez plus de sans cesse partir à la recherche de votre chien car il a pris ses pattes à son cou pour suivre une piste visiblement très alléchante ? Vous n’arrivez pas à travailler le rappel et le renoncement lorsque votre chien est attiré par une proie (ou un vélo, un jogger...), manifestement, bien plus intéressante que vous ? Vous n’osez plus lâcher votre chien en balade par peur qu’il ne prenne la poudre d’escampette ?
Alors laissez-moi vous présenter mes 5 conseils pour atténuer l’instinct de prédation de votre chien :
Conseil n°1 : accepter la vraie nature de son chien
Un instinct, ça ne se supprime pas ! Eh oui, on ne chasse jamais le naturel, sinon… vous connaissez la suite ! Adopter un chien, c’est accepter sa vraie nature et ses instincts, cela doit former un tout que vous devez tolérer et avec lequel vous devez être prêt à évoluer.
Vous devez prendre conscience des forces mais aussi des « faiblesses » du chien que vous adoptez. Je mets faiblesses entre guillemets car ce que l’on considère, nous, comme étant des faiblesses, ce sont en réalité de vraies forces pour nos amis canidés ! C’est bien entendu une question de point de vue. Ainsi, le choix de la race du chien avec qui vous choisissez de partager un bout de vie est très important ! Si vous ne souhaitez pas avoir un chien avec un fort instinct de prédation, alors éliminez d’ores et déjà toutes les races de chien de chasse, mais aussi toutes les races dites primitives. En effet, ce sont, de loin, les races les plus « touchées » par l’instinct de prédation très élevé.
Toutefois, même si vous optez pour un chien d’agrément, un chien de berger ou même un chien de garde, sachez que la prédation sera toujours plus ou moins présente, tous les chiens sans (presque) aucune exception ont cet instinct dans leurs gênes.
L’instinct de prédation est souvent considéré comme négatif car un chien qui entre en prédation est un chien hors de contrôle pour son maître dans la plus part du temps. Mais cela peut changer, n’ayez crainte ! Quelques ajustements permettent, dans de nombreux cas, de contrôler et atténuer ce fameux instinct qui fait peur à tous les maîtres « novices » qui n’ont pas particulièrement envie de se mettre à la pratique de la chasse pour assouvir les besoins de leur chien.
Conseil n°2 : respecter et combler les besoins de son chien
Alors bien évidemment, la première chose à laquelle on pense lorsque l’on a un chien avec un fort instinct de prédation, c’est de le mettre à la chasse… Et pourquoi pas d’ailleurs, mais, qu’on se le dise : la pratique de la chasse ne convient vraiment pas à tout le monde et n’est surtout pas l’unique solution, rassurez-vous.
Respecter et combler les besoins de son chien est primordial pour espérer suivre les conseils qui vont suivre. Cela participe d’ailleurs à la prise de conscience de la vraie nature de son chien et il ne faut jamais négliger l’importance du respect des besoins de son chien dans l’éducation. Un chien que l’on néglige et qui n’obtient aucune réponse à ses besoins fondamentaux deviendra une bombe à retardement, prête à exploser à tout moment. Cela engendrera alors, à coup sûr, des comportements considérés comme indésirables aux yeux des maîtres.
Et pour caricaturer, mais finalement pas tant que cela : ces mêmes maîtres viendront, au mieux, rencontrer un éducateur canin en présentant un chien désobéissant, cancre, borné et hyperactif (analyse facile et surtout faisant totalement abstraction de la grande part de responsabilité des maîtres)… Et, au pire, ils emmèneront gentiment leur toutou au milieu d’une forêt ou devant les portes d’un refuge pour ne plus avoir à gérer les conséquences de leurs manques de prise de conscience et de responsabilités.
Ainsi, pour respecter et combler les besoins de son chien, cela passe principalement par :
- permettre à son chien de s’exprimer dans une activité qu’il apprécie, qu’elle soit physique, mentale ou olfactive, et ce de manière précoce et régulière, pas uniquement lorsque le problème surgit.
- lui proposer des exercices/jeux ludiques et éducatifs en lien avec ses instincts régulièrement.
- le sortir tous les jours en dehors de son jardin pour qu’il puisse explorer et sentir toutes les odeurs laissées par ses congénères et les autres animaux du coin.
Conseil n°3 : travailler des exercices ludiques et éducatifs
Lorsque l’on adopte un chien avec un instinct de prédation très développé, les premiers commandements à mettre en place et à privilégier sont : le renoncement avec des indications telles que « tu laisses » ou « stop » ainsi que le rappel, qui est d’ailleurs une forme de renoncement.
Attention, ces indications doivent être travaillées tout d’abord dans un environnement calme, sécurisé et que vous maîtrisé (votre jardin par exemple, ou encore un parc clôturé) car n’espérez pas obtenir des résultats en commençant les séances en pleine forêt lors des périodes de chasse par exemple. Apprendre le renoncement à son chien c’est le contrôler davantage en stoppant une intention de faire ou une action en cours. Bien entendu, il sera toujours plus facile de stopper une intention de faire plutôt qu’une action déjà amorcée.
En effet, un chien lancé dans sa piste est un chien qui ne répond plus de rien, qui est dans sa bulle et qui fait abstraction de tout, sauf de la trace de sa proie. Autant vous dire que vous pouvez toujours tenter de le rappeler, il n’aura que faire de votre demande. Sachez que, vous ne serez que très rarement plus intéressant qu’une proie que votre chien aura en vue (ou en « truffe »), mais vous pouvez faire en sorte que votre relation soit telle qu’il apprécie plus que tout revenir à vos côtés ou mieux : rester à vos côtés.
Le plus important, vous l’aurez compris, sera donc de faire preuve d’un maximum d’anticipation : vous devez connaître votre chien, ses mimiques, les éléments extérieurs qui le déclenchent, l’environnement que vous lui proposez, etc.
Si vous n’êtes pas serein et que vous n’êtes pas sûr de contrôler votre chien, n’hésitez pas à garantir une certaine sécurité en le promenant avec une grande longe. Pour certains chiens, l’appel de la potentielle proie sera toujours beaucoup plus fort que l’appel de son maître, il faut parfois s’adapter et ajuster les balades en conséquence.
Par ailleurs, nous l’avons évoqué précédemment, votre chien verra et sentira bien avant vous la présence d’une proie, c’est donc ici qu’entre en jeu la bonne observation des mimiques de votre chien ! Dès qu’il commence à faire pivoter ses oreilles, à remuer la queue de manière excessive, etc. n’hésitez pas à détourner son attention en l’invitant à jouer à son jeu préféré par exemple, ou en lui proposant une petite séance de pistage à l’aide de friandises avec une forte appétence. En clair : devenez drôlement plus sympa et attractif que l’éventuelle proie au loin.
Si cela ne suffit pas, mettez alors en place les commandements tels que le « stop » ou « tu laisses ».
Pour résumer ce point :
- Travaillez les notions de renoncement dès l’arrivée de votre chien à la maison, en commençant dans un environnement très pauvre en stimulations pour ensuite augmenter la difficulté des exercices,
- Proposez des activités/jeux pendant les balades pour attirer l’attention de votre chien et lui donner envie de rester avec vous,
- Tenez votre chien en longe si son instinct est devenu incontrôlable pour garantir sa sécurité,
- Anticipez un maximum et observez les réactions de votre chien pour stopper son intention de faire et non pas son action déjà amorcée.
Conseil n°4 : renforcer la relation maître/chien
Ce point est très certainement le plus important et résume finalement les quelques points précédents ! Vous devez créer et renforcer la relation que vous avez avec votre chien au quotidien, c’est un travail de tous les jours qui sera nécessaire pour espérer obtenir des résultats.
Et pour renforcer une relation entre un maître et son chien, il faut :
- répondre à ses besoins physiques, mentaux, olfactifs et sociaux,
- accepter la vraie nature de son chien,
- avoir une attitude cohérente et juste,
- proposer un environnement sain et sécurisant,
- fixer un cadre au quotidien, que ce soit à la maison ou à l’extérieur,
- proposer une éducation ferme, certes, mais toujours respectueuse des principes de l’éducation positive,
- être sûr de soi et sûr de son chien, baser la relation sur une confiance mutuelle.
Conseil n°5 : éviter les jeux de lancés
Pour finir, évitez les jeux de lancés qui auront l’avantage de défouler physiquement votre chien, certes, mais qui auront en revanche l’inconvénient de renforcer l’instinct de poursuite et donc de prédation.vEn effet, lorsque l’on jette une balle ou un bâton à un chien en essayant de le lancer le plus loin possible, on apprend au chien que poursuivre des proies : c’est cool et c’est même encouragé !
Si vous souhaitez renforcer l’instinct de prédation de votre chien : il n’y a pas de meilleure idée ! En revanche, si vous souhaitez l’atténuer (ce que je pense être le cas si vous lisez cet article), alors, jouer à ce genre de jeu avec votre toutou n’est absolument pas cohérent. Préférez plutôt des jeux de réflexion, de pistage, de recherche, etc. pour dépenser votre chien mentalement et de manière olfactive et donc de répondre à son instinct de prédation, mais de manière contrôlée et intelligente.