Nous allons voir aujourd’hui comment apprendre le non à son chien, mais pas seulement ! Comment et pourquoi faire comprendre à son chien le sens du non, quelles sont les limites de cette indication « couteau suisse » que l’on utilise à tort et à travers pour tout et n’importe quoi et enfin quelles sont les alternatives au « non ».
Apprendre le non à son chien : pourquoi et comment ?
Tout d’abord, pourquoi utilise-t-on le « non » dans l’éducation d’un chien ? Après tout, chacun le sait, interdire sans cesse ne permet pas un réel apprentissage, cela inculque simplement une multitude d’interdits parfois incohérents et donc incompris aux yeux du chien.
Laissez-moi vous donner un exemple tout bête pour illustrer mon propos : en tant qu’éducatrice canin, j’ai souvent eu des clients qui m’expliquaient que leur chien n’arrêtait pas de leur sauter dessus malgré le fait qu’ils lui disaient « non » à chaque fois. Et pour cause, le chien continuait car il ne comprenait pas le sens du « non » et n’apprenait pas réellement ce qu’il devait faire. Il considérait davantage ce « non » comme une interaction avec ses maîtres plutôt qu’un réel interdit.
En clair, le « non » ne doit pas être systématique et ne doit surtout pas être une solution unique dans l’éducation. Nous le verrons par la suite, plusieurs alternatives existent et permettent un réel apprentissage.
De plus, apprendre le « non » à son chien devrait davantage être considéré comme la mise en place de règles de vie à la maison et en extérieur. Le « non » est, de manière plus générale, un moyen de poser des limites et un cadre à son chien, au quotidien.
Mais attention, pour que le « non » soit compris et intégré il ne doit pas être systématique et doit surtout être gratifiant. Cela peut paraitre paradoxal, mais le non gratifiant est très important ! Il s’agit donc d’exprimer une interdiction, comme le fameux « non » mais de toujours l’accompagner d’une autre indication.
Par exemple : je ne suis pas d’accord avec le comportement adopté par mon chien, je lui dis fermement « non » et je lui indique ce que j’aimerai qu’il fasse à la place et je valorise l’action alternative. Si mon chien saute sur les invités lorsqu’ils arrivent, je lui dis « non » fermement pour marquer mon mécontentement et je l’invite à aller dans son panier en valorisant cette action lorsqu’elle est réalisée.
Les limites de cet apprentissage
Toutefois, au quotidien, le « non » possède de nombreuses limites car, comme évoqué précédemment, cette indication est utilisée dans de trop nombreux cas, comme un automatisme, un réflexe. Parfois, le chien entend tellement de fois « non » dans la journée qu’il assimile ce mot comme étant son prénom !
Le « non » doit être utilisé à bon escient et, au mieux, être toujours remplacé par des indications d’action et non d’interdiction. Ce sera l’objet de la troisième partie de cet article.
De plus, nous l’avons vu, le « non » n’apprend rien au chien, ainsi, la phrase « apprendre le non à son chien » constitue pour moi un non sens. Il sera toujours plus efficace et bénéfique d’apprendre à son chien ce qu’il doit faire plutôt que pointer sans cesse ce qu’il ne doit pas faire.
Par ailleurs, nous l’avons légèrement abordé dans la première partie de cet article, le « non » est parfois considéré pour le chien comme une réponse à sa demande d’attention, une interaction qu’il a réussi à obtenir avec son maître !
Reprenons l’exemple du saut, lorsqu’un chien vous saute dessus, c’est qu’il souhaite attirer votre attention et le fait de lui dire « non » et/ou de le repousser participe à une certaine interaction. Et même si vous, vous pensez que cette interaction « apprend » au chien à ne plus recommencer, au contraire, le chien lui comprend que cette technique fonctionne drôlement bien pour capter votre attention.
Ainsi, dans de nombreux cas, et notamment celui des sauts excessifs, le fait de ne rien dire sera bien plus efficace que de dire « non » ! De fait, lorsqu’un chien vous saute dessus, l’ignorer complètement en lui tournant le dos, en ne le regardant pas et en ne lui parlant pas lui apprendra davantage que cette tentative est vaine. Et s’il insiste, on met alors en place une indication d’action et non d’interdit : « au panier » ou « assis ».
Apprendre le non à son chien : les alternatives
Puisque, nous l’avons vu, le « non » est souvent inutile et renforce même parfois les mauvais comportements de son chien, voici les quelques alternatives à cette indication :
Apprendre à son chien « tu laisses » positivement pour qu’il apprenne à renoncer à une intention de faire ou une action en cours
Pour se faire, plusieurs étapes simples :
- Étape 1 : Munissez vous de friandises très appétentes, d’un jouet d’une faible valeur pour votre chien et placez-vous dans un environnement à faibles stimulations.
- Étape 2 : Autant de fois que nécessaire, dites « tu laisses » à votre chien tout en lui donnant des friandises pour qu’il comprenne que lorsque vous dites « tu laisses », il obtient une friandise. Cela peut prendre plusieurs séances, le temps que votre chien comprenne le conditionnement « tu laisses » = friandise.
- Étape 3 : Ensuite, placez dans une de vos mains le jouet ou l’objet de faible valeur pour votre chien que vous avez choisi et présentez-lui. Dès qu’il le regarde ou qu’il s’en approche, dites lui « tu laisses ». S’il détourne la tête ou montre ne serait-ce qu’un micro signe de renoncement au jouet, récompensez le très chaleureusement avec un « ouiiii » ainsi qu’une friandise. S’il continue et insiste à vouloir prendre le jouet, reprenez l’étape 2 et/ou choisissez un autre jouet.
- Étape 4 : Lorsque les étapes 2 et 3 sont acquises à 100%, vous pourrez ensuite proposer cet exercice à votre chien avec des objets ayant de plus en plus de valeur pour lui et dans des lieux de plus en plus stimulants.
L’important ici est de prendre son temps et ne pas brûler les étapes.
Apprendre à son chien « au panier » positivement
Apprendre à son chien à aller au panier c’est lui apprendre un retour au calme immédiat. De plus, si le panier est réellement considéré comme un endroit refuge pour votre chien, cela lui permettra de s’apaiser et de redescendre en pression, notamment lors de l’arrivée d’invités par exemple.
Pour se faire, je vous invite à consulter notre article complet spécialement dédié à cet apprentissage.
Apprendre à son chien l’ignorance
Cela peut paraitre idiot, mais, nous l’avons vu, ignorer son chien vaut parfois mille mots ! Et n’oubliez pas, ignorer son chien signifie : ne pas le regarder, ne pas le toucher, ne pas lui parler !
En ignorant un chien on lui fait comprendre que l’attitude qu’il emploie ne fonctionne pas, cela est donc dans de nombreux cas bien plus efficace qu’un « non » que le chien finit par ne plus comprendre.
Sachez qu’en termes de « punitions », le fait d’ignorer est considéré comme étant la pire de toutes pour un chien car il a besoin d’interactions sociales pour être bien dans ses pattes. De fait, s’il voit que telle ou telle action engendre un refus radical d’interaction de votre part, il comprendra alors de lui même que cette action ne sera pas à réitérer.
Pour conclure :
- N’utilisez pas le « non » sans cesse, pour tout et n’importe quoi.
- Préférez gratifier le « non » en donnant toujours une indication d’action derrière.
- N’hésitez pas à varier les indications en apprenant à votre chien d’autres commandes de renoncement : tu laisses, au panier, stop, pas toucher, etc.
- Ignorez votre chien sera parfois bien plus efficace, essayez et vous verrez !