Aliments pour chien : stop aux arguments mensongers !

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©alexei_tm | iStockphoto

Un collectif de professionnels de la nutrition canine s’élève contre les dérives des services marketing de certains vendeurs de pet food qui mettent en avant des arguments susceptibles de nous induire en erreur. Quelles sont exactement ces mentions mensongères qu’ils dénoncent ?

Des start-up aux méthodes discutables

Ils sont vétérinaires, enseignants-chercheurs en nutrition animale, auxiliaires spécialisés vétérinaires ou bien encore ingénieurs agronomes et veulent mettre un terme à des pratiques de communication déloyale qui sévissent dans l’industrie du petfood. Au travers d’un communiqué, ils demandent à la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) de se pencher sur la loyauté de l’étiquetage de certains aliments pour animaux de compagnie. Leur objectif est que les propriétaires de chiens et de chats puissent enfin être en mesure de se baser sur des informations fiables, honnêtes et fondées sur des données scientifiques pour choisir les aliments de leurs compagnons à quatre pattes.

Ce sont les nouveaux vendeurs d’aliment sur Internet qui sont plus particulièrement dans leur viseur. Les signataires du communiqué déplorent en effet que de nombreuses start-up du pet food vendent leurs produits à grand renfort d’allégations mensongères, parfois très loin des faits scientifiques avérés. Et pour cause : ces entreprises ne font que commercialiser des croquettes commandées sur catalogue à un industriel, sans savoir précisément ce qu’elles contiennent. Elles ne disposent d’aucun expert en nutrition animale au sein de leur équipe pour « tempérer les ardeurs » d'un service marketing qui, parfois, n’est même pas au fait de législation en matière d’étiquetage. Dès lors, il n’est pas étonnant que ces nouvelles marques usent et abusent d’allégations trompeuses.

Le collectif d’experts a recensé les plus courantes d’entre elles que nous vous détaillons ci-après…

« Nos croquettes sont 100% naturelles » : faux

Si l’on peut dire qu’une carotte ou qu’une pomme est un produit 100% naturel, c’est parce qu’il s’agit d’un produit brut, non formulé ni transformé par l’Homme et qui ne contient aucun additif.  En aucun cas, une croquette ou une pâtée pour chien, produites industriellement ne peuvent être qualifiés de 100% naturelles. Pour être adaptés aux besoins nutritionnels des chiens et pour les besoins de leur fabrication, ces produits contiennent des additifs, lesquels ne sont pas considérés comme « naturels » par la législation.

« Nos croquettes contiennent moins de sucre » :  faux

Face aux réticences de certains propriétaires d’animaux à nourrir leurs compagnons avec des aliments qui contiennent du « sucre » issu des céréales, certaines marques leur proposent des croquettes sans céréales…en sous-entendant qu’elles contiendraient moins de sucre que les autres.

Il faut avant tout savoir que les croquettes, qu’elles soient sans céréales ou non, ne contiennent pas de sucre au sens premier où on l’entend. Les croquettes contiennent des glucides complexes, autrefois appelés « sucres lents », principalement sous forme d’amidon, que les chiens sont capables de digérer quand il est apporté en quantité raisonnable. L’amidon est apporté par les céréales et par les légumineuses, les pommes de terre ou les patates douces dans les croquettes sans céréales. Aucune croquette n’est exempte d’amidon car ce dernier est un ingrédient nécessaire au procédé d’extrusion des croquettes. Ainsi, sous-entendre qu’une croquette sans céréale est moins riche en sucre qu’une croquette classique n’a pas lieu d’être.

Bien souvent, les vendeurs de croquettes sans céréales se targuent de commercialiser une alimentation « plus naturelle » pour le chien qu’une alimentation à base de céréales. Là encore, l’argument est discutable car les légumineuses présents dans les croquettes sans céréales apportent aussi de l’amidon et ne présentent pas plus d’intérêt nutritionnel dans l'alimentation des carnivores que les céréales.

Plus douteux encore, les légumineuses dont les croquettes sans céréales sont souvent riches peuvent être à l’origine d’intolérances digestives et plusieurs études vont dans le sens de l’existence d’un lien entre cardiomyopathie dilatée chez des races non prédisposées et alimentation sans céréales riches en légumineuses. Sur sa page Facebook, la Docteure Devaux, spécialiste en nutrition des carnivores, nous incite à la méfiance :

« Avant de céder à la mode du sans céréales parce qu'il y a un beau loup sur le paquet, sachez que ce loup s'il ne mangeait pas de céréales, ne mangeait pas non plus de légumineuses... ».

« Nos croquettes sont sans sous-produits animaux » : faux

Certains petfooders utilisent cet argument au même titre que celui qui consistent à dire qu’ils utilisent des « ingrédients propres à la consommation humaine » pour fabriquer leurs croquettes.

Il est impossible de formuler un aliment pour un animal de compagnie sans utiliser de sous-produit animaux car le règlement européen 1069/2019 qualifie systématiquement de sous-produit tous les ingrédients animaux destinés au petfood.

Le but est, ce faisant, de bien les différencier de ceux destinés à la filière de l’alimentation humaine. Le terme « sous-produit animal » n’est pas révélateur d’une qualité de produit mais il désigne seulement le statut d’un ingrédient dès lors qu’il est destiné à intégrer la filière de l’alimentation animale. Le même filet de poulet pourrait théoriquement être qualifié de  « viande » s’il est destiné à l’alimentation humaine et de « sous-produit animal » s’il était destiné à rejoindre la filière du pet food.

Ainsi, l’utilisation de la mention « sans sous-produits animaux » sous-entend une méconnaissance de la législation par le petfooder qui l’utilise.

« Nos croquettes sont fabriquées avec de la vraie viande » : faux

Dans la liste des ingrédients de certaine croquettes, on peut parfois lire les termes de "viandes" ou de "viandes fraîches".  Ces termes sont interdits lorsque l'on met en œuvre de la viande séparée mécaniquement ou des morceaux de carcasse, ce qui est le cas de tous les industriels du petfood sans exception.

Par méconnaissance de la règlementation ou par volonté manifeste de tromper le consommateur, ces fabricants peuvent induire le consommateur en erreur en laissant croire que leurs produits sont fabriqués avec les mêmes morceaux de viande que ceux consommés en alimentation humaine. Or, ce n'est jamais le cas ! L’utilisation de « vraie viande » serait bien trop coûteuse pour les industriels ainsi qu’une aberration écologique.

Là où l’on ne peut plus douter de la volonté manifeste de tromper le consommateur, c’est lorsque le pet fooder, en plus, illustre ses paquets ou ses supports de vente de belles photographies de filets de viande ou d’une volaille entière. Ces visuels sont également interdits lorsque l’on met en œuvre de la viande séparée mécaniquement dans ses produits. Ne vous laissez donc pas abuser par des packaging trop alléchants pour être vrais !

 

Guylaine Vandekerkhove

Ingénieure diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Agronomie et des Industries Alimentaires (ENSAIA) et d'un Master en ingénierie de la santé et nutrition, Guylaine VANDEKERKHOVE est la co-fondatrice de toutoupourlechien.com. Elle utilise désormais ses compétences scientifiques pour écrire des articles sur la santé et la nutrition canine et puise ses sources sur des ouvrages vétérinaires de référence. Passionnée par les chiens depuis toujours, elle a également validé une formation pratique d'éducatrice-comportementaliste canin.