Qu’est-ce qu’une chenille processionnaire ?
Les chenilles processionnaires sont des larves de papillon, le Thaumetopoea pityocampa, qui colonisent les pins, les cèdres ou les feuillus comme les chênes. Après éclosion des œufs pondus dans ces arbres entre juin et septembre, les chenilles y séjournent, au chaud tout l'hiver, dans un nid en soie dont elles sortent pour se nourrir la nuit.
Au moment de leur transformation, en mars-avril ou dès le mois de janvier s'il fait doux, elles sortent toutes ensemble en file indienne reliées les unes aux autres par un fil de soie pour aller s'enfouir dans la terre. C'est de ce mode de déplacement que leur vient leur nom de chenilles processionnaires. C'est précisément à ce stade larvaire que la chenille processionnaire est la plus dangereuse pour nos animaux de compagnie qui, attirés par ce long ruban d'insectes qui bouge, ne peuvent s'empêcher d'aller y mettre leur nez ou leur langue...
En France, les chenilles étaient surtout présentes sur la côte méditerranéenne mais, d'année en année, elles sont remontées vers le nord . On en retrouve aujourd'hui jusqu'aux collines de Normandie et en région parisienne. D'autres pays comme le Portugal, l'Espagne, l'Italie, le Maroc sont aussi concernés.
- D'après département de la santé des forêt, ministère de l'agriculture et de l'alimentation -
Pourquoi les chenilles processionnaires sont un danger pour le chien ?
Pour se protéger des prédateurs, les chenilles processionnaires ont une arme redoutable. Sur leur corps, elles possèdent des poils, invisibles à l’œil nu, urticants contenant une toxine très puissante appelée la thaumatopoéine. Ces poils ont la particularité de se détacher très facilement. Au contact de la peau ou des muqueuses, ils provoquent des réactions allergiques et irritatives impressionnantes ainsi qu'une nécrose des tissus.
Le danger est donc important pour les chiens, parfois trop curieux, qui vont au contact des chenilles processionnaires lors de leurs déplacements au printemps. Classiquement, les poils urticants vont atteindre la langue, les babines, les yeux ou le nez du chien.
Attention !
Ces chenilles sont dangereuses aussi dans le cocon qu’elles vont construire, aussi bien chez les Humains que chez les chiens et les chats. Les poils des chenilles peuvent être transportés par l'air ambiant en cas de vent soufflant dans les branches. C’est pour cette raison qu’il faut mieux prévenir votre mairie, si vous en avez dans votre jardin, afin de les faire retirer. Il existe également des pièges écologiques à mettre en place le long des troncs en fin d'hiver, au mois de janvier, pour capturer les chenilles avant qu'elles n'atteignent le sol. Le mieux est de faire appel à des professionnels afin de les poser correctement.
Quels sont les symptômes ?
Le contact avec des poils de chenilles processionnaires est extrêmement douloureux. Il entraîne une forte inflammation, à l'origine de brûlures et d'un œdème de la région touchée.
En cas de contact avec la langue, on constatera une forte salivation suivie d'un gonflement très important de la langue, appelé glossite, au point parfois que le chien ne puisse plus la contenir dans sa gueule. La langue pourra également changer de couleur, devenant rouge, noire ou grisâtre. Sous l'action de la toxine, les tissus de la langue pourront même être détruits de façon irréversible, entraînant la perte du morceau d'organe envenimé. Certains chiens peuvent perdre des petits morceaux de langue à son extrémité, qui, une fois guérie, présentera un aspect dentelé. D'autres chiens peuvent aller jusqu'à perdre la moitié ou la totalité de leur langue. Dans ce dernier cas, les chiens, alors incapables de boire ou de manger, devront être euthanasiés. En revanche, un chien qui a perdu jusqu'à la moitié de sa langue sera gêné pour s'alimenter et boire à vie mais pourra s'adapter et survivre.
Si le chien a avalé les chenilles, le même processus de destruction des tissus peut toucher les organes digestifs internes (œsophage ou estomac) et provoquer la mort de l'animal.
Des symptômes généraux tels qu'un choc anaphylactique mettant en jeu le pronostic vital sont possibles, mais assez rares néanmoins.
Comment réagir si votre chien a été en contact avec des chenilles urticantes ?
Si vous constatez ces symptômes, il faut emmener votre chien, de toute urgence, chez votre vétérinaire. C’est lui qui nettoiera les différentes lésions. Il est important, en effet, de ne pas trop manipuler votre toutou. L’homme réagit aussi aux poils de chenilles processionnaires.
Si votre vétérinaire est éloigné, vous pouvez faire un ou deux shampooings pour éliminer un maximum de substances urticantes au plus vite si c'est la peau de votre animal qui a été touchée. Mais attention, ne touchez pas les poils urticants ou des chenilles à mains nues: munissez-vous de gants, également pour laver votre animal.
En cas de contact buccal, vous pouvez faire lécher au chien des glaçons ou de la crème glacée (sans chocolat !) pour réduire le gonflement avant de lʼamener au plus vite chez le vétérinaire.
S'il n'y a pas grand chose à faire pour enrayer l'envenimation, le vétérinaire s'attachera tout de même à lutter contre l'inflammation et le choc en administrant au chien des corticoïdes à action rapide. Il soulagera sa douleur en lui administrant des antalgiques puis des antibiotiques pour éviter des complications éventuelles dues à une surinfection.
Si les poils urticants ont touché la langue, le vétérinaire pourra choisir d'amputer partiellement l'organe afin d'éviter que la nécrose ne le détruise totalement.
- Avec l'aimable autorisation de ô maîtres tranquilles - éducatrice-comportementaliste canin à Rouvres (28) -
L'homéopathie peut aussi aider, en complément d'un traitement conventionnel, à réduire la destruction des tissus touchés par la toxine. Immédiatement après l'accident, administrez à votre chien 5 granules d'Urtica urens 5CH et d'Apis 5CH toutes les 2 heures pendant 2 jours puis 3 fois par jour pendant 3 jours.
La phytothérapie pourra aider également à soulager la douleur. Le curcuma est particulièrement indiqué pour ses propriétés antalgiques et anti-inflammatoires.