Des animaux testés « positifs » mais…
Si l’on clame haut et fort depuis le début de l’épidémie de covid-19 que les chiens et les chats ne propagent pas le coronavirus, plusieurs publications parues dans les médias jettent encore le doute dans l’esprit des propriétaires d’animaux.
Le 27 mars dernier, l’une d’entre elles a fait état de la découverte d’un cas « confirmé » de covid-19 sur un chat qui présentait des symptômes respiratoires inexpliqués en Belgique. Des tests ont permis de retrouver la trace du virus SARS-coV-2, le coronavirus responsable de l’épidémie de COVID-19, dans les excrétions de l’animal. Faut-il cependant en conclure que le nouveau virus est transmissible au chat ?
Ce n’est pas si évident que cela car plusieurs zones d’ombre persistent dans cette affaire. La première incertitude repose sur la qualité même des prélèvements. Ces derniers ont été recueillis par la propriétaire du chat – elle-même contaminée par le coronavirus – a son domicile. Rien n’indique donc que les prélèvements n’aient pas été involontairement contaminés par la propriétaire elle-même ou par l’environnement dans lequel le chat évoluait. Et, quand bien même les prélèvements aient été réalisés dans les règles de l’art, la présence du virus dans les selles de l’animal ne signifie en aucun cas que l’animal souffre de la même maladie que sa propriétaire. A ce sujet, le Pr Etienne Thiry, professeur à la faculté vétérinaire de Liège et membre du comité scientifique de l’Afsca, a déclaré dans la Libre Belgique que « Nous n’avons actuellement aucune preuve que les symptômes de ce chat soient en lien avec le SARS-CoV-2 ».
Un virus présent ne signifie pas qu’il est infectant
Qui plus est, les analyses qui ont été réalisées sur les échantillons du chat belge ont fait appel à la méthode PCR. Cette technique fait appel à la «Polymerase Chain Reaction» ou , en Français dans le texte, à l’Amplification en Chaîne par Polymérase. Elle permet d'obtenir d'importantes quantités d'un fragment d'ADN spécifique à partir d'un petit échantillon contenant ce même ADN. Autrement dit, cette méthode permet uniquement de détecter le matériel génétique du virus mais ne renseigne en aucun cas sur son activité ni sur son potentiel infectant.
A partir de cette seule analyse, on n’a donc aucun moyen de savoir si le virus est capable de se répliquer dans les cellules du chat, s’il est à l’origine de symptômes chez ce dernier ou bien encore s’il peut excréter le virus, les seules conditions qui permettraient aux scientifiques d’affirmer avec certitude qu’un chat peut attraper puis transmettre le COVID-19.
Pour ce qui est du chat belge, comme des chiens testés positifs au Covid-19 à Hong-Kong et dont les foyers comprenaient tous une personne malade, l’hypothèse la plus probable est donc que leur « positivité » résulte d’une simple contamination environnementale ou d’une contamination de l’être humain à l’animal.
Des doutes atténués par plusieurs études
Un rapport préliminaire d’étude menée en partenariat avec l'Institut Pasteur, l’École vétérinaire d'Alfort et l'INSERM vient encore affaiblir le peu de doutes qui subsisteraient encore quant à l'idée que nos animaux puissent être affectés par le COVID-19 ou propager la maladie aux êtres humains. Paru le 9 avril 2020 sur bioRxiv, ce rapport expose les résultats de tests menés pendant 1 mois sur 9 chats et 12 chiens qui vivaient en grande proximité avec leurs maîtres étudiants vétérinaires sur le campus de l’école vétérinaire, dans des chambres de 9 à 13 m². Onze étudiants parmi les 18 participants de l'étude avaient contracté le Covid-19 ou présentaient des signes cliniques compatibles avec l'infection tandis que les autres étaient asymptomatiques. Tous les tests PCR pratiqués sur des prélèvements oraux et anaux ainsi que l’ensemble des sérologies pratiquées sur leurs animaux sont ainsi revenues négatives.
Cette nouvelle étude préliminaire de terrain, dont les résultats doivent encore être relus et validés avant sa publication officielle, vient corroborer les résultats d’une campagne de tests d’ampleur menée par le laboratoire Idexx sur des chiens, des chats et des chevaux ayant été au contact prolongé avec des humains infectés par le Covid-19 à Wuhan (Chine) et aux États-Unis. Sur des milliers de tests PCR effectués, aucun animal positif n’a été détecté.
Quelques études chinoises font, quant à elles, état d’une réaction immunitaire spécifique à l’infection chez un chien et plusieurs chats et d’une réceptivité des chats et des furets au virus mais les résultats de ces études controversées restent cependant à confirmer et sont bien évidemment à mettre en perspective avec le peu de cas « positifs » et symptomatiques chez les animaux de compagnie en comparaison avec les millions d’êtres humains contaminés.
Quoi qu’il en soit, les Autorités Sanitaires s’accordent à dire qu’il n’est pas possible, à ce jour, de conclure formellement à une infection productive chez l’animal et à une transmission de la maladie entre animaux ou de l’animal à l’homme. En d’autres termes, il n’existe à ce jour toujours aucune preuve formelle et incontestable que les animaux de compagnie puissent propager le SARS-coV-2 et contaminer l’être humain. Selon l’OMS, l’actuelle pandémie de covid-19 serait donc uniquement le résultat d’une transmission d’Homme à Homme.
Les animaux de compagnie, des supports passifs du virus ?
Dans un communiqué de presse, l’Académie Vétérinaire de France évoque en revanche la possibilité que les animaux de compagnie puissent être des « supports passifs » en mouvement du virus sur lequel une personne contaminée pourrait déposer des particules virales. Une autre personne qui manipulerait cet animal porteur de virus sur son pelage dans un laps de temps court pourrait alors être contaminé à son tour.
Mais là encore, le risque de contamination est infinitésimal et tombe pratiquement à zéro dès lors que l’on respecte les règles de distanciation sociale lors des promenades et les gestes d’hygiène élémentaires tels que se laver les mains après chaque contact avec un animal.