La 3ème paupière ou membrane nictitante du chien
Le chien possède une troisième paupière en plus de sa paupière supérieure et de sa paupière inférieure. On l’appelle la membrane nictitante.
Cette membrane se situe dans l’angle interne de l’œil (appelé canthus interne).
Elle est constituée par un repli de conjonctive de forme grossièrement triangulaire, dont la base du triangle est constituée d’un bord libre habituellement pigmenté chez le chien et souvent caché par les paupières inférieure et supérieures.
Notez bien !
Chez certains chiens, il arrive que le bord libre de la membrane nictitante ne soit pas pigmenté et apparaisse donc en rose (à droite sur la photo ci-dessous). Cette « anomalie » est sans conséquence mais peut rendre la membrane plus visible, ce qui peut être aisément confondu avec une procidence de la membrane nictitante. Elle peut ne toucher qu’un œil sur les deux, en particulier chez les chiens dont la robe est panachée.
La membrane nictitante du chien renferme :
- un petit cartilage en forme de T pour son soutien,
- des follicules lymphoïdes,
- une glande, la glande nictitante, à la base du cartilage. La glande nictitante sert à produire 30 à 60% de la partie aqueuse du film lacrymal.
La membrane nictitante glisse le long du globe oculaire lorsque le chien cligne des yeux et facilite ainsi la répartition du film lacrymal et l’élimination des débris vers l’angle interne de l’œil, un peu à la manière d’un essuie-glace.
Les affections de la 3ème paupière du chien
La membrane nictitante du chien peut être le siège de diverses affections parmi :
La luxation de la membrane nictitante
Aussi appelée prolapsus de la glande nictitante, la luxation de la glande nictitante correspond à un déplacement de la glande nictitante qui sort alors de sa position normale. Cette glande se retrouve alors anormalement exposée à l’air et à la lumière, ce qui provoque son irritation. On observe alors une masse rosée à rouge, lisse et charnue qui apparaît brutalement à l’angle interne de l’œil du chien. Les jeunes chiens sont le plus souvent atteints et l’affection ne concerne le plus souvent qu’un seul œil, bien qu’il arrive que les deux yeux puissent être atteints (mais rarement en même temps). La glande luxée peut alors être retirée ou repositionnée chirurgicalement dans sa loge physiologique.
Plusieurs races de chiens sont connues pour être prédisposées à cette affection comme le Beagle, le Cocker, le Dogue Allemand, le Bouledogue Français, le Pékinois, le Basset Hound, le Cane Corso, le Lhassa Apso ou bien encore le Shar Pei.
L’éversion du cartilage de la membrane nictitante
L’éversion du cartilage de la membrane nictitante correspond à un enroulement du bord libre de la membrane nictitante, lié à une croissance plus rapide de la partie postérieure du cartilage en T que de sa partie antérieure. L’atteinte peut concerner un seul œil ou les deux et se manifeste par la formation d’une masse rosée à rouge, lisse et située dans la partie inférieure de l’œil. Elle s’accompagne généralement d’une conjonctivite chronique et de sécrétions muco-purulentes. Un traitement chirurgical est heureusement possible.
Plusieurs races de chien y sont prédisposées à l’instar du Dogue Allemand (qui associe souvent une luxation de la glande nictitante à l’éversion du cartilage nictitant), du Berger Picard et du Braque Allemand.
La procidence de la membrane nictitante
La procidence de la 3ème paupière du chien, également appelée prolapsus de la glande nictitante, est une condition dans laquelle la troisième paupière de l’œil devient visible et forme comme « une peau sur l’œil » du chien.
Cette anomalie peut être congénitale ou secondaire à d’autres affections oculaires comme plus générales. Le traitement dépend alors de la cause diagnostiquée par le vétérinaire.
La conjonctivite folliculaire
La conjonctivite folliculaire est un une hypertrophie des follicules de la membrane nictitante. Ce type de conjonctivite résulte d’une exposition aux allergènes présents dans l’environnement (pollens, poussières…) et touche généralement les jeunes chiens, de façon saisonnière. Elle concerne davantage les chiens prédisposés à l’atopie comme le Colley ou le Labrador ainsi que ceux qui présentent déjà des problèmes oculaires qui les prédisposent à des irritations.
Un traitement local reposant sur un nettoyage des yeux et l’instillation de collyres ou pommades ophtalmiques antibiotiques et anti-inflammatoires est possible. Quand il n’est pas suffisant, un traitement chirurgical peut être envisagé dans certains cas. Cependant, dans certains cas, cette affection peut disparaitre spontanément au-delà des 2 ans de l’animal.
L’infiltration lympho-plasmocytaire de la membrane nictitante
L’infiltration lympho-plasmocytaire de la membrane nictitante est une affection auto-immune qui touche la 3ème paupière du chien. Elle se manifeste par un épaississement de la membrane nictitante et une accumulation de sang dans cette dernière.
Le traitement de cette affection qui touche particulièrement le Berger Allemand, le Berger Belge, le Shetland, le Colley et le Greyhound est essentiellement médical. Il repose sur l’application de pommades ophtalmiques à base de corticoïdes et/ou de cyclosporine A.
Le kyste de la glande nictitante
Plus rarement, il arrive que la glande nictitante soit le siège du développement d’un kyste, ce qui entraîne une procidence de la membrane nictitante. Un traitement chirurgical est alors possible.
Les tumeurs de la membrane et de la glande nictitantes
La membrane et la glande nictitante peuvent également être le siège du développement de tumeurs bénignes ou malignes. La prise en charge dépend alors de la nature de la tumeur que le vétérinaire s’attachera à déterminer.
Les corps étrangers sous la membrane nictitante
La partie postérieure du cul-de-sac conjonctival, ou portion bulbaire de la membrane nictitante, constitue une localisation assez fréquente pour les corps étrangers et, en particulier pour les épillets. Le risque est alors que le fragment végétal frotte sur la cornée et provoque un ulcère cornéen.
Lors de la présence d’un corps étranger fiché à cet endroit, le vétérinaire doit procéder à son retrait, lequel nécessite généralement une anesthésie locale ou générale.