L’Homme et le chien, c’est une histoire d’amitié inter-espèce qui dure depuis des milliers d’années. Mais, depuis tout ce temps, l'Homme a-t-il appris à "parler chien", à le comprendre ? A l’écoute de son seul grognement, est-il capable de savoir quelle émotion le chien ressent ? C’est à ces questions que la Eötvös Loránd University, en Hongrie, a souhaité répondre dans son étude sur l’interprétation des grognements de chiens par 40 volontaires.
Le grognement chez le chien, d’emblée associé à une mise en garde teintée d’agressivité, est en réalité beaucoup plus nuancé. Il peut être émis dans des situations diverses et variées et traduire des comportements et des émotions différents en réponse à ces situations. Un chien peut grogner pour défendre sa nourriture qu’il croit menacée, lors d’une partie de jeu, en réaction à l’arrivée d’un chien qui lui est étranger, etc.
Afin de savoir si les êtres humains sont capables d’interpréter correctement le sens de ces différents types de grognements, les chercheurs de la Eötvös Loránd University ont fait écouter à 40 volontaires - 14 hommes et 26 femmes – des enregistrements de grognements produits dans les 3 contextes évoqués ci-dessus (nourriture, jeu, chien étranger). Ils ont ensuite demandé aux volontaires de déterminer l’état émotionnel du chien en fonction de chacun des sons entendus parmi l’agressivité, la crainte, le mal-être et la joie et de l’associer à son contexte.
Selon les résultats de l’étude parus le 17 mai 2017 dans la revue Royal Society Open Science, 63% des volontaires ont réussi à associer le grognement au bon contexte. D’après les chercheurs, ce résultat signifierait donc que les humains seraient capables d'interpréter correctement les grognements d'un chien à leur seule écoute. Les femmes seraient plus performantes dans cet exercice puisqu’elles sont 65% à avoir associé le bon son au bon comportement contre seulement 45% des hommes. Sans surprise, les propriétaires de chiens interprètent mieux les grognements que les personnes qui n’en possèdent pas avec 60% de bonnes réponses pour les premiers.
Globalement, les grognements associés au jeu, plus caractéristiques que les grognements traduisant un comportement d’agressivité, ont été plus facilement identifiés par l’ensemble des volontaires. Enfin, les grognements isolés n’ont globalement pas été reconnus par les volontaires. Seuls les grognements entendus les uns à la suite des autres ont été bien interprétés.
Le chemin semble donc encore long pour que l’Homme réussisse à « parler chien » couramment...